Le site historique autochtone Kay-Nah-Chi-Wah-Nung

Les Premières Nations de Rainy River habitent ce territoire depuis des milliers d’années. Au centre historique Kay-Nah-Chi-Wah-Nung, elles vous invitent à découvrir leur histoire et leur environnement.

Bien souvent, les visiteurs jettent leur dévolu sur le Nord de l’Ontario et son univers sauvage, ce qui n’a rien d’étonnant. Mais généralement, sans accès à un guide compétent, les trésors naturels de la région demeurent secrets. Dans le Nord-Ouest ontarien, un site en particulier offre la chance de rencontrer ceux qui la connaissent le mieux.

À l’ouest de Fort Frances, juste au nord de la frontière avec les États-Unis et au sud de la route 11, les habitants des Premières Nations de Rainy River connaissent le territoire de manière intrinsèque. Le peuple ojibwé de la rivière à la Pluie (ainsi nommée par les explorateurs français Jacques de Noyon ou Pierre de La Vérendrye) occupe cette région d’une manière ou d’une autre depuis plus de 5000 ans, et la connaissance approfondie de ces terres ancestrales est passée d’une génération à l’autre. Au centre historique Kay-Nah-Chi-Wah-Nung, le public célèbre le territoire et son histoire humaine.

Photo : Mike Jacobs

Kay-Nah-Chi-Wah-Nung signifie «là où sont les rapides». En anglais, on l’appelle Manitou Mounds, ou, en français, Monticules-Manitou. C’est un site national historique du Canada comprenant la plus grande concentration au pays de tumulus — des monticules funéraires — et de vestiges de villages, datant d’il y a de 2500 à 7000 ans.

«Les peuples des Premières Nations de Rainy River sont ici depuis des milliers d’années», explique Tanya Hunter du centre historique Kay-Nah-Chi-Wah-Nung. «Pour comprendre nos origines, il faut savoir que nous avons suivi les coquillages de porcelaine (des cauris, utilisés dans des rituels) et la nourriture qui pousse sur l’eau — Manoomin (riz sauvage). C’est ainsi que le peuple s’est établi ici.» 

Les résidants des Premières Nations de Rainy River vivent là où ont vécu leurs ancêtres, le long d’un cours d’eau qu’on appelait Manidoo Ziibi, ou la rivière Esprit. Kay-Nah-Chi-Wah-Nung, là où l’on trouve des rapides, présentait beaucoup de rapides peu profonds, où pondaient les esturgeons — nourrissant ainsi les habitants de l’endroit pendant des milliers d’années.

Ces résidants ont été nombreux. Il y a eu le peuple Laurel (de 300 avant notre ère jusqu’à 1100 de notre ère, le Moyen-Âge de l’Europe), le peuple Blackduck (de 800 à 1650) et, aujourd’hui, le peuple Anishinaabe, qui a porté différents noms, parmi lesquels les Ojibway, les Chippewa, et les Saulteux. Après la signature du Traité 3, entre 1873 et 1916, les résidants de la communauté ont commencé à s’installer de façon permanente, construisant des cabanes, des fermes et des bâtiments agricoles.

Photo : avec l’autorisation du site historique Kay-Nah-Chi-Wah-Nung

Les Premières Nations de Rainy River forment aujourd’hui une communauté très dynamique, mais un élément en particulier attire les visiteurs depuis bien plus de cent générations. Plus de 2000 ans avant notre ère, les personnes qui vivaient dans les villages du coin — le peuple Laurel, la première civilisation de l’Ontario à utiliser la poterie — ont élevé des monuments funèbres le long de la Manidoo Ziibi. Ces sépultures tumulaires pouvaient être aussi hautes que des édifices de quatre étages.  

Photo : Mike Jacobs

«Les Premières Nations de Rainy River ont toujours reconnu leur responsabilité de l’entretien de ces sépultures, et ce, bien avant l’arrivée des Européens, jusqu’à aujourd’hui, explique Mme Hunter. Les aînés voulaient préserver, protéger et sensibiliser tout le monde à l’histoire de ces monuments funéraires. Ils ont choisi de le faire en construisant un centre d’interprétation. Ici, les Premières Nations de Rainy River peuvent partager la signification, l’histoire, notre culture et la fierté de “là où l’on trouve les longs rapides”.»

Les personnes qui ont construit les tumulus et leurs descendants comprenaient l’importance de l’harmonie avec la nature. Ils ont permis aux sépultures de demeurer en interrelation avec l’environnement immédiat à travers le temps. Kay-Nah-Chi-Wah-Nung n’est pas un musée — ce site communautaire sacré continue d’évoluer et les Premières Nations de Rainy River sont heureuses d’y accueillir les visiteurs qui ont envie d’explorer les lieux.

Photo : avec l’autorisation du centre historique Kay-Nah-Chi-Wah-Nung

Le centre historique constitue le cœur du site Kay-Nah-Chi-Wah-Nung. On y présente le territoire et la culture des Ojibway des Premières Nations de Rainy River. 

«Lorsqu’est né le centre historique Kay-Nah-Chi-Wah-Nung, les fondateurs espéraient toucher quiconque s’intéresse à notre histoire, dit Mme Hunter. Aujourd’hui, nous recevons des gens du monde entier. Nous leur racontons notre culture et notre histoire sans prétention.»

Les visiteurs peuvent observer les sépultures et les 4 km de rives près desquelles elles s’élèvent, ou parcourir les 10 km de sentiers à pied ou en vélo de montagne. L’hiver, les sentiers se prêtent très bien au ski ou, comme le veulent les pratiques locales ancestrales, à la raquette.

Photo : avec l’autorisation du centre historique Kay-Nah-Chi-Wah-Nung

L’été, le territoire est une attraction en soi, et la faune qui le peuple aussi. C’est le cas en particulier des oiseaux — les ornithologues chérissent «l’endroit des longs rapides», avec ses marécages, sa forêt mixte, sa savane. C’est un habitat pour les oiseaux marins comme pour les oiseaux terrestres.

La terre et la culture fusionnent dans l’enseignement des plantes médicinales. On demande aux visiteurs de ne pas en cueillir sur le site historique, mais ils peuvent apprendre, pendant leur visite, l’utilité médicinale de plusieurs plantes et fleurs d’ici.

«Nos guides partagent leurs enseignements, leurs connaissances des nombreuses plantes médicinales qui poussent ici, leurs propres histoires sur la communauté ou leur lieu de travail, ce qui rend chaque visite unique, dit Hunter. Certaines plantes qui poussent ici ne poussent pas ailleurs.»

Photo : avec l’autorisation du centre historique Kay-Nah-Chi-Wah-Nung
 

Tout comme le territoire, le peuple est captivant. Dans son centre d’interprétation, le centre Kay-Nah-Chi-Wah-Nung offre l’une des meilleures présentations des Premières Nations de Rainy River et de leur histoire. Les salles d’exposition, l’histoire orale et les présentations interactives dévoilent la vie et la culture ojibwée de la Manidoo Ziibi, d’il y a plusieurs milliers d’années à aujourd’hui, en passant par le récent contact avec les Européens et les Canadiens.

Photo : Mike Jacobs

La maison ronde des Premières Nations de Rainy River est aussi ouverte au public. Le plancher de la structure à neuf côtés est de terre battue, pour que les visiteurs se connectent directement à la Terre Mère. Les poteaux de cèdre indiquent les quatre points cardinaux.

Le bâtiment sert de lieu d’apprentissage, où les coutumes et les connaissances sont transmises de manière traditionnelle. Cet espace joue un rôle central dans la communauté, et les nouveaux venus sont les bienvenus. Il suffit de passer par le centre Kay-Nah-Chi-Wah-Nung.

Photo : Mike Jacobs

«Nous avons tellement à offrir, c’est difficile de choisir», indique Mme Hunter en ajoutant qu’il y a aussi un restaurant et un aquarium sur le site. «Nous espérons que les visiteurs, à leur départ, comprennent mieux l’importance que nous accordons au lien entre les monticules funéraires et la terre. Comme nous l’ont demandé nos aînés, nous sensibilisons quiconque franchit ces portes à l’importance capitale de ce territoire pour nous.»

À propos de Jesse Staniforth

Jesse Staniforth is a freelance journalist specializing in Indigenous issues, the cannabis industry, and food safety. Since 2011 he has contributed stories to the Nation magazine, serving Quebec's Cree Nation of Eeyou Istchee, on the east coast of James Bay.
 

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