Terry Fox, un monument à Thunder Bay

Le Marathon de l'espoir y a pris fin. Un monument s'y est élevé.

Il tenait bon, ce matin-là. Le temps était gris et pluvieux. Il toussait; la foule massée le long de la route l’encourageait. Il était perdu dans ses pensées. Entêté, il avait refusé de passer des examens médicaux : ils freineraient son Marathon de l’espoir. Terry Fox ne voulait pas s’arrêter.

La douleur est devenue si vive qu’au bout de 29 kilomètres, à l’abri du regard du public, il s’est glissé dans l’econoline beige qui le suivait depuis 3339 milles (environ 5350 km) et a demandé à son accompagnateur de l’amener à l’hôpital le plus près.

C’était le 1er septembre 1980 et, sans le vouloir, Terry Fox venait de mettre fin à son Marathon de l’espoir, dans le nord de l’Ontario. Le cancer qui lui avait fauché la jambe droite, en 1977, s’attaquait maintenant à ses poumons. Il devait rentrer en Colombie-Britannique pour être soigné.

En quittant l’hôpital de Thunder Bay, il eut du mal à traverser la rue. Pourtant, depuis le 12 avril, il courait plus de 37 km par jour.

Benjamin Davidson traversait le Canada en voiture lorsqu’il s’est arrêté au monument commémoratif de Terry Fox, à Thunder Bay. Les histoires de détermination qu’il y a lues l’ont grandement ému. Photo prise en juillet 2005. Source : Wikimedia Commons

À la mémoire d’un héros

Quarante-quatre ans après le Marathon de l’espoir, Terry Fox demeure bien vivant dans l’imaginaire collectif. Tous les ans, en septembre, les écoles et les communautés du Canada et d’ailleurs soulignent l’exploit de l’unijambiste qui avait entrepris, à 21 ans, la traversée du Canada pour amasser des fonds pour faire avancer la recherche sur le cancer. Terry Fox a galvanisé le Canada. Sa course a attiré les foules le long de la route; ses idoles sportives l’ont encouragé; les communautés l’ont accueilli chaleureusement et célébré.

Depuis, des parcs, des rues et des écoles portent son nom et des statues s’élèvent à sa mémoire. Il est aussi devenu un personnage historique du Canada

Historica Canada a consacré uneMinute du patrimoine à Terry Fox.

À Thunder Bay

Sur la route transcanadienne 17, un panneau de signalisation marque aujourd’hui le mile 3339, là où Terry Fox a pris la lourde décision de se glisser dans la fourgonnette d’accompagnement. Pendant plus de 25 ans, le personnel du ministère des Transports a entretenu avec soin une simple borne kilométrique blanche coiffée d’une plaque commémorative.

Aujourd’hui, à quelques kilomètres à l’ouest, un belvédère commémoratif est aménagé sur la Transcanadienne. Un Terry Fox de bronze haut de 2,7 mètres (9 pieds) domine le lac Supérieur et le Sleeping Giant. Il repose sur un bloc de granite de 45 tonnes à la fondation d’améthyste, regard fixé vers l’Ouest. La toile de fond de la statue réalisée par Manfred Pervich dévoilée en 1982 est poignante, à l’image du destin du personnage. Sur le site, le respect s’impose et les témoignages sont émouvants.

Le monument commémoratif à Terry Fox, photo de Richard Keeling, 2008. Source : Wikimedia Commons

Pour s’y rendre, il faut parcourir les quelque 80 km de la Transcanadienne reliant Nipigon et Thunder Bay, nommés «la route du courage Terry Fox» un mois après la mort du héros, soit en juillet 1981.

Terry Fox, un héros canadien

L’histoire de Terry Fox est bien connue de la population canadienne et ne laisse personne indifférent.

L’athlète de 21 ans avait entrepris la traversée du Canada le 12 avril 1980 à St-Jean de Terre-Neuve en trempant son pied dans l’Atlantique.

Trois ans plus tôt, il avait subi une amputation de sa jambe droite, attaquée par le cancer. Lors de sa convalescence, il s’était donné la mission de traverser le pays à la course afin d’attirer l’attention sur le cancer et de collecter des fonds pour la recherche.

Il a parcouru près d’un marathon par jour pendant plus de 4 mois. Il ne prit qu’une journée de repos, à Montréal le 23 juin — soit après plus de 70 jours de course — avant que la douleur ne le force à prendre une pause prolongée, le 1er septembre. 

Le lac Supérieur. Photo : Destination Ontario, Briand.

Dans le Nord

C’est dans le nord de l’Ontario que Terry Fox a couru ses derniers kilomètres, en suivant le lac Supérieur jusqu’à sa tête. Ici comme ailleurs, les anecdotes touchantes s’enchaînent.

Le 4 août, à Sudbury, il se rend compte qu’il a franchi plus de la moitié du parcours prévu. À Sault-Sainte-Marie, un bon samaritain répare un ressort de sa prothèse. Quelques jours plus tard, l’unijambiste affronte la montée de la rivière Montréal, qui s’étire sur 3 kilomètres. Pour l’occasion, Terry Fox porte un gilet sur lequel il est inscrit, à l’avant : «Montreal River Here I Come!» Au dos : «I’ve Got You Beat!»

L’autoroute 17 dans la région d’Algoma, près de la rivière Montréal. Photo : Martin Lortz

Le 18 août, il est à Wawa. Dans les jours qui suivent, un compagnon de course se joint à lui : Greg Scott, un garçon de 10 ans originaire de Windsor, en Ontario, qui a perdu une jambe à cause du même cancer des os. Ils font un bout de chemin ensemble, se baignant notamment à Jackfish Lake. «Ça a probablement été le moment le plus émouvant de ma course», témoigne Terry Fox. 

C’est le regard plongé dans le lac Supérieur que sa course s’achève. Il pense à tous les gestes d’appui et aux mots d’encouragement auxquels il a droit le long de la route. «J’ai commencé à réfléchir à toutes ces remarques au cours de ce dernier mille. C’est vrai, ce sera peut-être mon dernier mille», prononce-t-il, à Thunder Bay.

La suite

La fin du Marathon de l’espoir ne marque pas la fin de l’œuvre de Terry Fox, bien au contraire. Lui qui rêvait d’amasser un million, au départ, s’est permis de penser que sa campagne pourrait engranger 23 millions de dollars — soit un dollar par Canadien — lorsque les appuis publics se sont multipliés. Il a relevé le défi!  

À son décès, le 28 juin 1981, la promesse de poursuivre son œuvre était déjà faite. Depuis, en septembre au Canada et ailleurs, la Journée Terry-Fox permet aux gens de se ressembler et de collecter des fonds pour vaincre le cancer. Plus de 700 millions de dollars ont été recueillis en 40 ans. Le rendez-vous annuel est donné le 2e dimanche (le lundi pour les écoles) suivant la fête du Travail.

À propos de Andréanne Joly

Andréanne Joly aime explorer, fouiller et faire découvrir la francophonie de l'Ontario et ses espaces touristiques. Par leur richesse, leur beauté, leur diversité et leur accessibilité, les destinations ontariennes ne cessent de l'épater. Passionnée par l'histoire, elle prépare des reportages et des dossiers pour ICI Radio-Canada, Francopresse.ca, TFO, L'Express de Toronto, Le Voyageur de Sudbury, Northern Soul, Affaires universitaires... Ses reportages lui ont valu des prix d'excellence nationaux. 

Tous les articles

La route de la baie Georgienne 

Une aventure côtière bleue comme l’azur

10 endroits à visiter dans le Nord de l’Ontario

Art rupestre, Niagara du Nord, le Cup and Saucer, etc.!

6 réserves de ciel étoilé en Ontario

Venez observer des étoiles filantes, la Station spatiale internationale, des aurores boréales et la Voie lactée

Villages fantômes du Nord ontarien

10 lieux où s’aventurer contempler les vestiges de l’histoire…

Les grands road trips de l'Ontario

Envie de rouler? Vous êtes servi!

Parc provincial Samuel-de-Champlain

Un univers légendaire

Sault Sainte-Marie à l’italienne!

Célébrons la culture italienne du Sault

Activités à faire en avril dans le Nord

Coups de cœur et calendrier

L’île Manitoulin et sa magie pratique

Un guide VR

Où camper en VR dans le Nord ontarien

Suggestions de parcs

L'histoire de Kapuskasing en 5 photos

5 lieux aux origines de la «Ville modèle»

En train jusqu'aux portes de la baie Jame

Une expérience et un univers uniques en leur genre

Les cabanes à sucre du Nord de l'Ontario

La route 2, du Québec à Kingston

Évitez la 401 : longez le fleuve

Régions et clubs de motoneige de l'Ontario

La liste complète, avec hyperliens

Les meilleurs sites de pêche à la mouche de l’Ontario

selon The New Fly Fisher

Amenez-moi à la plage

Comment vous rendre à Sandbanks en moto

Festivals du Nord-Ouest ontarien

Liste d'incontournables

Terre précieuse : les mines de l'Ontario

Destinations minières étonnantes

Des plages qui valent le détour!

Les plus belles plages de l'Ontario en moto