Le dragon du lac Supérieur
Saviez-vous que le lac Supérieur aurait aussi son monstre - un dragon? C'est du moins ce que veulent plusieurs légendes.
Ellen Van Laar, qui dirige un petit centre de ressourcement appelé Arts and Adventure, en a long à partager à ce sujet. Ellen habite à Old Mamainse Harbour, sur la rive du lac Supérieur. Elle adore raconter des histoires sur la région, guider des randonnées et offrir la navette pour les adeptes de la randonnée.
À partir d'un récit d'Heather Bot
«Souvenez-vous que Michibeichu (Mitch) est de la 'médecine' pour les Ojibwés et que plusieurs le conçoivent comme un esprit colérique, explique Ellen. D’autres le voient comme un être très protecteur, de façon positive. Les Autochtones de la région lui offrent souvent du tabac, en lui demandant la sécurité sur le lac. Il fait partie intégrante des contes ojibwés.»
Le dragon Mitch est une grande source d'inspiration pour Ellen, et est souvent un personnage principal dans son oeuvre. Musicienne, photographe et peintre, elle expose plusieurs grands tableaux à Sault-Sainte-Marie, au conservatoire de musique de l’Université d’Algoma, sous le pont International, tout près du centre commercial Old Mill Square. On peut aussi trouver des cartes pour animer des discussions en famille ou entre amis à la galerie d’art d’Algoma.
Le dragon du lac Supérieur
Ellen cite l'auteur Peter Unwin, qui consacre un chapitre de son livre The Wolf’s Head (Viking, 2003) au dragon Misshepezhieu. Outre les Premiers Peuples, plusieurs explorateurs, auteurs, homme de religion ont fait référence à une créature vivant dans le lac Supérieur.
- En 1667, Jean Allouez a écrit au sujet des sacrifices offerts à l’esprit Missibizi afin de faire monter l’esturgeon en eau. À la même époque, l’explorateur français Nicolas Perrot l’appelait Michipissy.
- Le missionnaire Paul LeJeune a apparemment vu un homme pêcher un gros poisson telle une créature qui ressemblait à un lézard. Le jeune homme qui était avec lui l’a convaincu de le retourner à l’eau, car autrement il y aurait une tempête. Quelques années plus tard, Pierre-Esprit Radisson aurait raconté des histoires au sujet d’un «serpent avec une tête de tortue».
- L’évêque Frédéric Baraga (Mishibiji), à son tour, a fait souvent allusion à la créature et l’appelait parfois un lion ou un serpent. En 1834, le missionnaire James Evans fait référence à la créature à titre de Manitou et dit qu’on doit le regarder droit dans les yeux afin de survivre à une tempête.
D’après une des croyances, la créature habiterait dans des cavernes au fond du lac Supérieur. Plusieurs références des Premières Nations en parlent comme un personnage métamorphosé capable de tromper les autres. Des histoires suggèrent même que le dragon était impliqué dans la tragédie du navire Edmund Fitzgerald.
Ce ne sont que quelques exemples. Ellen a cite beaucoup. «Comme vous pouvez voir, la plupart des références viennent des missionnaires, des colons ainsi que des Premières Nations, dit-elle. Toutes ces histoires de dragons appartiennent à l’histoire canadienne. Ce n’est que récemment que le dragon fait partie de référence d’usage courant alors qu’autrefois, des propos sur le dragon étaient effrayants et souvent tabous.»
Notez plusieurs différences dans les légendes en provenance des Premières Nations qui vivaient ici avec les interprétations et les traductions faites par les premiers explorateurs, colons et missionnaires. Les différences culturelles et langagières ont joué un rôle majeur dans les histoires d’aujourd’hui, mais le dénominateur commun trouvé dans les contes et légendes est la puissance du lac Supérieur sur les résidants et les visiteurs.
Plusieurs histoires sur le dragon du lac Supérieur entourent les Grands Lacs. C'est le cas de «Pressie, le serpent de mer du lac Supérieur», «le grand serpent» et «la panthère sous-marine».
Serpents et dragons des Grands Lacs
Lac Ontario : D’après une légende de la nation Seneca, Gaasyendietha est une créature qui ressemble à un serpent et qui habite les eaux du lac. Le 14 août 1829, le journal Kingston Gazette and Religious Advocate rapporta que des enfants ont aperçu un serpent hideux, alors qu’ils jouaient sur une plage près de Grantham, maintenant connu comme St. Catharines.
Lac Érié : On a aperçu le Bessie de South Bay, tant sur les rives canadiennes du lac qu'en Pennsylvanie. une créature grise ressemblant à un serpent a été rapporté pour la première fois en 1783.
Lac Huron : Les légendes ojibwées racontent qu’un monstre aquatique, Mishebeshu (grand lynx), habite un repaire sous-marin près de l’embouchure de la rivière Serpent, qui se jette dans le lac Huron.
Au parc provincial du lac Supérieur
Partez en randonnée dans le parc provincial du lac Supérieur où se trouve le pictogramme de Michibeichu dessiné sur le rocher Agawa. En fait, il est à un jet de pierre du centre d'interprétation, où l'on trouve beaucoup d'informations sur le sujet.
«Cet art rupestre représente un esprit ou un être de l’eau qui vivait dans le lac Supérieur», dit Quinn Meawasige, de la Première Nation Serpent River. «Le peuple Anishinabe qui vivait le long des Grands Lacs ne parlait pas de Machu Picchu comme d'un dragon. Ceci est une fausse interprétation du Chat des grandes eaux ou du Grand Lynx du lac Supérieur.»