Parc provincial Samuel-de-Champlain : un univers légendaire
Ses terrains de camping à l’ombre des grands pins rouges et blancs comptent parmi les plus agréables que l’on puisse trouver en Ontario. Sa nature recèle un véritable coffre aux trésors d’une prodigalité impressionnante. Son territoire s’inscrit à la convergence historique des pages les plus palpitantes de l’exploration et du commerce au Canada. Le parc provincial Samuel-de-Champlain a tout pour fasciner et divertir les amateurs de plein air et d’histoire.
Arrivé en début de soirée sur ce site naturel d’une grande beauté, je suis immédiatement tombé sous le charme. Un vrai petit paradis…
La rencontre des cours d’eau
Déjà, 6000 ans avant que le premier Blanc (Étienne Brûlé en 1610) ne remonte la rivière Mattawa, les Premières Nations empruntaient ce chemin d’eau stratégique pour voyager entre la vallée du Saint-Laurent et les Grands Lacs. On a d’ailleurs trouvé sur son cours l’une des seules mines d’ocre en Ontario, le pigment rougeâtre servant de maquillage aux Autochtones et qui est à l’origine de l’appellation «Peau Rouge».
Aujourd’hui, ce cours d’eau spectaculaire de 43 km, qui prend sa source à l’est du lac Nipissing (au lac Trout ou lac à la Truite), coule au cœur du parc provincial qui porte le nom de Samuel de Champlain et qui évoque le souvenir de ces aventuriers hors du commun que furent les Voyageurs. Une section de 33 km de la rivière a également été désignée «rivière du patrimoine canadien» en 1988. La Mattawa demeure le lien maritime privilégié avec la rivière des Outaouais, la frontière naturelle entre le Québec et l’Ontario. Elle marque aussi la division entre le Sud et le Nord de l’Ontario. En plus, à partir du bassin versant du Saint-Laurent, elle remonte directement à la ligne de séparation des eaux qui se situe à North Bay. De fait, lorsque les pagayeurs accédaient au lac de la Truite, ils n’avaient qu’un portage à faire pour changer de bassin versant en passant au lac Nipissing et à la rivière des Français qui s’écoulent vers les Grands Lacs. Voilà ce qui explique le sens du nom «Mattawa» qui signifie «jonction des cours d’eau».
C’est donc par ce chemin d’eau que les Premières Nations ont conduit les Européens à l’intérieur du continent. Cinq ans après son émissaire Étienne Brûlé, Samuel de Champlain a donc remonté la Mattawa, en 1615, et franchi les 50 mètres de dénivellation de son cours qui en faisaient l’un des segments de rivière les plus difficiles sur la Route des fourrures. Il a d’ailleurs été le premier à cartographier la région. À leur suite, cette route est devenue la principale voie de communication empruntée par les missionnaires qui s’engageaient en Huronie puisque les Hurons habitaient la région des Grands Lacs avant de «déménager» dans la région de Québec.
Les Voyageurs
Puis vint l’épopée de la traite des fourrures et des Voyageurs. Il ne s’agit pas ici de coureurs des bois, mais d’hommes engagés par les marchands montréalais pour aller «livrer» aux postes de traite de l’intérieur du pays les biens qui servaient de monnaie d’échange avec les Indiens puis en ramener les fourrures au retour. Ces équipes devaient franchir à la rame les 2000 km séparant Montréal et Fort William, sur le lac Supérieur. Les expéditions comptaient parfois jusqu’à 50 grands canots d’écorce chargés à ras bord avec trois tonnes de ballots de 75 kg qu’il fallait hisser à la tête des 38 rapides infranchissables se dressant sur cette route. Onze de ces portages se trouvaient le long de la Mattawa. Le courage surhumain de ces hommes est mis en valeur au Centre du patrimoine des Voyageurs du parc Samuel-de-Champlain.
Plus tard, la rivière Mattawa a également servi au flottage du bois alors que, 50 ans après s’être attaqué aux forêts de pin blanc du Saguenay, les grandes compagnies forestières en étaient à couper les pinèdes du Nord de l’Ontario. Puis la rivière a retrouvé son calme à partir de 1881 alors que le chemin de fer a pris le relais du chemin d’eau. De nos jours, ses eaux ne servent plus qu’à des fins récréatives. Amateurs de canotage, de villégiature et de pêche sont désormais seuls à apprécier sa beauté sauvage et ne se plaignent pas de cette intimité.
Plein air et camping
Le parc provincial Samuel-de-Champlain n’est pas qu’un haut lieu historique, c’est également un havre naturel dans lequel se concentre une foule de propositions d’activités de plein air. Réputée auprès des adeptes de canot et de pêche, elle possède un réseau de canot-camping de 64 km et on y pratique la pêche au doré, à l’achigan à petite bouche, à la perche, au grand brochet, au maskinongé et à la truite fardée (c’est la première fois que j’entends parler de celle-là). Il y a aussi trois plages réservées aux baigneurs.
J’ai commencé mon exploration à vélo sur le réseau routier tranquille qui sillonne le parc. Il s’agit vraiment d’une promenade plaisante dans un décor magnifique aux abords de la rivière, des autres cours d’eau ainsi que des lacs qui parsèment ce territoire de 2 500 hectares. De cette façon, j’ai pu admirer la flore aquatique extrêmement riche des étangs et j’ai aussi pu faire le tour de deux terrains de camping, Babawasse où nous étions et Jingwakoki, tout près. Il faut mentionner que toute la signalisation ainsi que les panneaux d’interprétation sont bilingues.
En randonnée
Le parc possède également un réseau de sentiers de randonnée pédestre des plus intéressants. C’est d’ailleurs en randonnant que l’on observe le mieux les particularités géologiques de cette région du Bouclier canadien dont la faille de la rivière Mattawa qui s’est formée il y a 600 millions d’années ainsi que les traces laissées par le passage des glaciers plus récemment. On note quelques beaux points de vue sur le Long Lake et dans le passage entre le lac Gut.
Parc provincial Samuel-de-Champlain : 705 744-2276