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Prévisions hivernales 2019-2020
On dit que sept est le chiffre préféré au monde. Il y a les sept jours de la semaine, les sept continents, sept mers, les sept nains, le Groupe des Sept. Même l’agent secret James Bond porte le chiffre 007. On aime le chiffre 7. Y a-t-il beaucoup de sentiers de motoneige au nord de la route 7? Bien entendu! Tout ça pour vous dire que vous êtes en train de lire mon septième essai à prédire ce que nous réserve la saison de motoneige en Ontario.
Alors cette année comme lors des six années précédentes, je prends le risque de faire des prévisions! L’objectif est de vous livrer un aperçu des conditions à venir en allant droit au but. Ceci n’est pas un article coiffé d’un titre à cliquer qui vise simplement à vous attirer sur une page web sans livrer la marchandise. Ce n’est pas développé dans une tour à bureaux en fixant des modèles météo mais à partir de sources diverses, tant scientifiques qu’humaines. Surtout, je le fais avec le regard d’un motoneigiste d’expérience. Au final, je livre une prédiction solide pour les motoneigistes.
L'année dernière, j’avais fait trois prédictions audacieuses. D’abord, les ceintures de neige de l’Ontario recevraient beaucoup de neige. J’ai vu plus de neige dans Almaguin et les régions du Nord que durant la décennie précédente, et même un taus de 56 % supérieur à la normale d'Ottawa – trop de neige, diront plus simplement certains. Puis, j’ai prédit que dans le Grand Nord, les sentiers demeureraient ouverts jusqu’en avril. J’ai encore une fois vu juste. Finalement, j’ai dit que les froids seraient à quelques reprises sibériens. Nous avons eu beaucoup de périodes glaciales. Celle entre Noël et le Jour de l’An a donné le ton. En plus, comme je l’avais prévu, nous avons dû composer avec des retours de pendule : froid/chaud, neige/pluie. Malheureusement, il semble que le centre et le sud de l’Ontario en aient payé le prix.
Cette année sera-t-elle différente? Voyons voir!
Les changements de saison
Ce qui semble imprévisible, ces temps-ci, c’est le changement des saisons. Où j’habite, l’hiver 2019 a semblé interminable. Puis, le printemps s’est pointé, frais et pluvieux. Il a plu jour après jour. Puis l’été est arrivé. Et quel été!
Le premier jour de l’été est officiellement le vendredi 21 juin. Et c’est exactement ce jour-là que l’été est arrivé; juste à la sortie des classes, le ciel s’est dégagé et le soleil a brillé. La saison de golf et du chalet a démarré en lion. Presque toutes les fins de semaine, du début juillet à août, le soleil était au rendez-vous. Un été splendide pour jouer dehors
Un printemps mouillé, suivi par un été sec, puis l’automne, puis l’hiver…
Poursuivez votre lecture.
Faites confiance aux experts
Depuis des années, je fais confiance à David Phillips, climatologue principal d’Environnement Canada. Il possède des connaissances scientifiques approfondies, mais il sait aussi expliquer les choses très clairement. Récemment, sur CBC, il a parlé des prévisions météo. L’exercice n’est pas facile! Toutefois, David n’est pas à la météo et n’est pas un météorologue. C’est un climatologue.
La climatologie, c’est l’étude des comportements atmosphériques à long terme (saisons, années, décennies, siècles), tandis que la météorologie étudie les phénomènes atmosphériques à court terme – quelques jours à l’avance au mieux. David relève que la justesse des prévisions est d’environ 95 % pour le jour même, de 88 % pour les deux jours à suivre, puis de 75 % pour les 7 prochains jours. Ça nous permet de mesurer la difficulté de prévoir la prochaine saison, en particulier un long hiver, surtout par le prisme des changements climatiques et des statistiques, qui indiquent que les hivers canadiens se sont réchauffés de 3,4 C° depuis que les données météo sont relevées.
Dans une entrevue, David a souligné que dans les années 1950, 1960 et 1970, la météo était très stable au Canada. Les étés étaient chauds; les hivers étaient froids. Maintenant, c’est un peu plus fou. Les contrôles du climat changent. Pensez à la couverture terrestre – il y a de moins en moins de forêts. Les humains génèrent de la chaleur. Il y a aussi l’aménagement urbain. Le pavé ne peut pas absorber de goutte de pluie…
Mais quelles sont les prévisions de David pour l’hiver 2019-2020? David dit «qu’on peut s’attendre à des températures au-dessus des moyennes cet automne», contrairement à l’automne dernier, où on a connu des conditions hivernales assez tôt. David ajoute que l’été a fini en beauté, avec des températures de 30 C° à la mi-septembre – et c’est vrai! Je l’ai appris à mes dépends, pendant que je participais au Canada’s Toughest Off-Road Motorcycle Race, The Corduroy Enduro.
Trop d'eau?
Au cours des deux dernières années, nos prédictions ont reposé notamment sur l’abondance d’eau accumulée dans les Grands Lacs.
Je me souviens qu’en 2013, on parlait des bas niveaux d’eau. On disait qu’à cause du réchauffement climatique, les Grands Lacs ne s’en remettraient jamais. Mais en janvier 2015, les niveaux des lacs ont enregistré la plus forte augmentation en 24 mois, et ce, depuis qu’on relève ces données. Le Corps of Engineers de l’armée américaine rapporte que ces niveaux élevés sont un enjeu pour tous les Grands Lacs, et prévoit encore une plus forte augmentation pour 2020.
Aujourd’hui, il n’est plus question de niveaux bas, mais des hauts niveaux. J’ai vu les quais de Pointe Au Baril sous l’eau, Wasaga Beach sans plage, et des structures nautiques dévastées à Muskoka. Mattawa (la capitale du hors route de l’Ontario) a dû déclarer l’état d’urgence à cause des niveaux de la rivière des Outaouais. L’eau a causé beaucoup de dommages en Ontario en 2019.
Dans les prévisions de 2018-2019, j’ai fait allusion aux températures de l’eau des Grands Lacs. Cette année, je me concentre sur les niveaux de l’eau. Nous avons beaucoup d’eau douce accumulée dans les Grands Lacs. Ces lacs sont une machine à fabriquer de la neige et, avec de tels niveaux, je crois qu’ils ne gèleront pas pendant l’hiver 2020. Il y a trop de chaleur accumulée dans ces eaux. Vous pouvez vérifier les conditions des lacs et les températures des eaux ici.
En provenance de l'ouest
Les courants-jets et les vents dominants traverseront l’Amérique du Nord de l’ouest à l’est. Mon beau-frère, en Alberta, me disait dès octobre qu’il faisait froid et qu’il y avait déjà de la neige. Cette neige s’est rapidement déplacée à Thunder Bay et à Wawa.
Aux États-Unis, l’Administration océanique et atmosphérique nationale (NOAA) a annoncé à la mi-août que c’en était fini avec El Niño, qui planait depuis l’automne 2018. Selon la NOAA, les températures de la surface de l’océan Pacifique sont revenues à la normale, ce qui veut dire que nous sommes maintenant dans une «zone neutre» météo. (Saviez-vous que lorsqu’on n'observe ni le phénomène El Niño, ni La Niña, on appelle ça La Nada?!) De plus, la NOAA prévoit que ces conditions normales persisteront jusqu’à l’hiver 2020 – du moins, dans une occurrence prudente de 50 à 55 %.
Les images ci-dessous valent mille mots et donnent une indication de ce qui pourrait attendre l’Ontario cet hiver.
Ce fameux Almanach
L’Almanach des fermiers a plus de 200 ans. Il a été conçu par David Young en 1818. Son modèle de prévision est tant mathématique qu’astronomique, et repose sur des règles qui comprennent les cycles lunaires et solaires.
Cette année, l’Almanach avait de bonnes nouvelles pour les motoneigistes de l’Ontario. Le rédacteur Peter Griger a écrit : «Nos prévisions à long terme prédisent un autre hiver glacial pour les deux tiers du pays.» Griger indique que la période la plus froide sera de la fin novembre au début janvier et que la période la plus enneigée sera de la mi-décembre à la fin janvier.
Bref, du Nord-Ouest à l’Est ontarien, il semble que l’hiver sera à la fois glacial et enneigé, très humide et blanc.
Autant de kilométrage qu’un orignal!
Toute sa vie, Backroads Bill Steer a prédit les conditions hivernales. Évaluer la météo est très important dans la préparation d’une expédition en pleine nature, en particulier l’hiver. Les motoneigistes doivent être prêts à tout changement soudain des conditions; c’est du sérieux. Bill est un collaborateur de confiance et celui, parmi mes connaissances, qui passe le plus de temps dans le bois. Il a fait autant de kilométrage en forêt qu’un orignal! Bill a été formé à observer et à prédire les conditions météo par Gord Restoule de la Première Nation Dokis. «Gord m’a appris à chercher les signes dans la nature», se souvient-il. «Les gens veulent connaître quatre aspects de l’hiver : quand il commencera, quand il finira, à quel point il fera froid et combien de neige il y aura.»
Il reconnaît que l’année dernière, il était à côté de la coche et son taux d’exactitude a plongé, passant de plus de 80 % à à peine plus de 70 %.
Comme Bill rapporte avoir vu beaucoup de nids de guêpes très haut dans les arbres, il s’attend à voir beaucoup de neige vers la mi-janvier. Mais en octobre, les outardes étaient encore dans le Nord, les huttes des castors ne semblaient pas avoir beaucoup de boue et de plus petits garde-mangers, ce qui lui fait croire que l’hiver sera plus doux et plus court que celui de l’année dernière. Je crois que Bill est sur une bonne piste, en particulier après avoir relu les commentaires de David Phillip sur l’automne.
La prédiction : profitez de l’automne, l’hiver viendra
Profitez d’un automne qui se prolongera pour faire tout ce que vous avez à faire sur votre liste! Je crois que les températures seront au-dessus de la normale jusqu’à la mi-automne, mais quand l’hiver viendra, il traversera vos couches de vêtements!
L’été 2019 a pris fin en un clin d’œil, et je pense que l’hiver arrivera aussi précipitamment dans la province pour y séjourner un bon bout. Il faudra prévoir plusieurs épisodes de vortex polaires qui dureront plusieurs jours. Dans certaines régions, en particulier dans le Nord, le mercure chutera à -35 et y restera plusieurs jours, voire une semaine.
D’ici là, c’est le moment idéal pour visiter votre concessionnaire. Procurez-vous une nouvelle motoneige ou de l’équipement. À noter, ça passe mieux quand vous avez passé à travers la honey-do list.
Un siècle de prédictions ou des siècles de connaissances
L’Almanach des fermiers a plus de 200 ans d’expérience. Toutefois, les connaissances de Gord Restoule de la Première Nation Dokis et celles acquises par Back Roads Bill Steer reposent aussi sur des générations de sagesse.
Nous avons une surabondance d’eau qui érode les côtes dans les Grands Lacs ainsi qu'un courant-jet qui transportera de l’air froid en direction est à travers les lacs. Selon mon interprétation, l’effet de lac sera important, cet hiver. Les endroits qui reçoivent habituellement trop peu de neige seront gâtés. Oui, je prévois que la ceinture de neige du sud aura droit à plusieurs épisodes de neige provoqués par l’effet de lac, cet hiver! Attention, comtés de Simcoe et de Grey!
Cette année, et peut-être pour la première fois, les prévisions s’alignent : ce sera un bon hiver canadien. Chacun prévoit un automne qui se prolongera et un hiver qui arrivera, furieux, fin décembre.
Le pif du motoneigiste
Les droits d’accès sont en vente. N’oubliez pas de vous procurer les droits d’accès là où vous faites de la motoneige. L’OFSC apporte de nombreuses améliorations à sa flotte de dameuses, cette année. Depuis plusieurs mois, la Fédération fait connaître par courriel et dans les médias sociaux les efforts déployés pour que les sentiers soient prêts lorsque la neige tombera. Tout cela représente un grand investissement en organisation, en coopération et en ressources financières.
La carte interactive des sentiers qui, croyez-le ou non, existe depuis plus de dix ans, connaît aussi son lot de mises à jour et d’améliorations. Saviez-vous qu’il s’agit d’un des outils de navigation de sentiers les plus utilisés dans le monde? On observe aussi un effet de retour : les motoneigistes s’impliquent dans l’organisation du sport. J’ai vu des clubs transformer des rencontres régulières en rassemblements où se forgent des amitiés et des possibilités de réseautage. Les fabricants d’équipement d’origine comme Yamaha se sont associés au programme de l’OFSC pour la reconnaissance des généreux propriétaires de terrains qui permettent le passage de sentiers sur leurs terres. À ce propos, restez sur les sentiers. Si vous voulez les quitter, visitez AventureNord.ca ou utilisez l'Atlas des terres de la Couronne pour savoir où vous pouvez le faire sans empiéter sur une propriété privée.
Le mot de la fin
Sept, chiffre chanceux : vous l’avez deviné, je prévois que l’hiver 2020 sera le gros lot pour les motoneigistes!
Mais après sept ans de prédictions, je reviens à la charge avec le même conseil : n’attendez pas, sortez sur les sentiers dès qu’ils sont ouverts!
Comme dans un casino, il faut investir un peu pour gagner le jackpot. Commandez sans tarder vos droits d’accès aux sentiers, réservez votre hébergement, rassemblez-vous entre motoneigistes pour planifier l’excursion de vos rêves.
Je prévois que dans le sud de la province, le début de la saison sera fantastique, mais ça ne durera pas. Dès la mi-saison, ce sera le déclin. Dans le nord, par contre, on pourra à nouveau aller sur les sentiers jusqu’en avril!
Si une chose est assurée dans le Nord, c’est que l’hiver est garanti!
On se voit sur les sentiers!