La poutine de Sturgeon Falls

Sturgeon Falls, célèbre pour ses poutines!

Dans le Nord ontarien, le mot poutine est pratiquement synonyme de printemps. Après la longue saison de motoneige (la longue saison hivernale, si vous préférez), la neige disparaît peu à peu alors qu’émerge l’odeur de la friture, comme pour nous rappeler le plaisir de savourer une bonne poutine par une belle journée ensoleillée. Rien de mieux pour célébrer l’arrivée du beau temps!

Bien établie dans la culture canadienne-française, la poutine aurait vu le jour vers les années 1950, quelque part entre le Québec et le Nouveau-Brunswick. Bien que plusieurs disputent toujours son origine exacte, il ne faut pas négliger son importance en Ontario — en particulier dans le Nord, où les francophones sont si nombreux.

D’ailleurs, le duel de restauration le plus célèbre en Ontario s’ancre dans la poutine. Situés de part et d’autre de la rue Main à Sturgeon Falls, les casse-croûte Riv et Larry’s se font concurrence au plan poutine depuis belle lurette.

Une rivalité de longue date

La cantine Larry’s ouvre ses portes en 1953, après avoir obtenu un prêt auprès de la paroisse. Elle connaît un succès tel, qu’elle inspire les propriétaires du restaurant qui se trouvait de l’autre côté de la rue : le Petit Riviera. Après que celui-ci passe au feu, en 1972, les propriétaires Carm et Julienne Ferlatte taillent une fenêtre dans le mur du restaurant et rebaptisent l’endroit Riv Chip Stand.

La rue Main de Sturgeon, telle qu’elle apparaît dans Google Street View. 

La rivalité remonte déjà à cette époque, où le prix d’un cornet de frites était de 10 cents.

Mais alors, il n’y avait pas de poutine à Sturgeon Falls. Larry’s a commencé à en vendre en 1991, deux ans suivant la reprise de l’entreprise familiale par Colette Brûlé, fille de Larry.

Pour sa part, depuis qu’il est devenu une pataterie, Riv a changé de mains à plusieurs reprises. Kate et Bruno Lepage ont repris les rênes de l’entreprise en 2016. Ils ont écouté les conseils et conservé les méthodes de la famille Ethier, propriétaire précédente, mais apportent amplement de nouveautés, notamment en matière de poutine.

À ce duo vient aussi se rajouter une troisième concurrente, Monique’s (276, rue Nipissing), qui ne jure que par sa sauce secrète.

La sauce, le fromage qui fond... Photo : avec l’autorisation de Riv.

Le secret est dans la sauce

Les connaisseurs en matière de poutine ne semblent pas toujours s’entendre sur l’élément le plus important de la poutine. Selon Catherine Levac-Lafond, une adepte de poutines de la région, la sauce prime. Elle aime bien le mélange bœuf et poulet. «Et les crottes de fromage qui font squish squish», bien sûr!

La sauce peut faire toute la différence, et à chaque papille son choix. Kate Lepage prend donc la peine de préciser : Riv sert une sauce au bœuf, tandis que Larry’s sert un mélange de bœuf et poulet. Et chez Monique, on se tient loin de la viande... «Tout ce que je peux dévoiler, c’est qu’elle est faible en calories et ne contient pas de bœuf ni de poulet», lance la restauratrice.

Pourla propriétaire de Riv, les frites sont l’élément clé. À son avis, elles doivent être coupées et frites «maison» pour être bien fraîches. «Pas de frites congelées ici», promet-elle.

Mais revenons à ce fameux fromage. «Pour les amateurs intenses de poutine (mon mari par exemple), il n’y a pas d’autres options que le fromage en grains», reconnaît Mme Levac-Lafond, qui aime bien, aussi, l’effet du fromage réchauffé par les frites et la sauce.

On peut d’ailleurs très bien le décrire par le son qu’il produit lorsqu’on le mange frais. L’idée est de ne pas le laisser trop fondre et de le servir directement. Les poutineries de Sturgeon Falls se font d’ailleurs souvent approcher par différentes fromageries qui souhaiteraient bien leur vendre leur fromage. Mais dans le cas de Riv spécifiquement, le fromage de St-Albert, en Ontario, demeure imbattable. «Chaque année, on fait des tests avec nos employés, même avec les yeux bandés, et le St-Albert est toujours gagnant», révèle la chef propriétaire.

À qui donc, la meilleure poutine de Sturgeon?

À quoi, celle-ci? Canard braisé et champignons portobellos! Photo : avec l’autorisation de Riv.

Au menu

Au-delà des éléments de base, les patateries redoublent de créativité pour attirer l’amateur de poutine. De son côté, Riv s’inspire d’évènements locaux. Par exemple, l’équipe a déjà servi des boulettes aigres-douces sur un lit de frites frisées et, pour le Noël des campeurs, une poutine garnie du mélange de viande épicée d’une tourtière et de la pâte cuite, taillée en décorations de Noël.

Pour sa part, Larry’s offre également différentes versions de poutines, mais sa marque de commerce, c’est aussi le pogo. Lorsqu’il a mis en vente une saucisse frite dans une pâte, qu’il appelait le Pronto Pup, Larry croyait qu’il en était l’inventeur. En réalité, plusieurs ont dû avoir l’idée au même moment puisque le pogo a fait son apparition à plusieurs endroits en même temps.  

La poutine déjeuner à la bénédictine de Riv. Photo : avec l’autorisation de Riv.

Verdict

Revenons à la grande question. Comment trancher sur cette question que se posent plusieurs depuis si longtemps : qui de Sturgeon Falls concocte la meilleure des poutines?

Selon Mme Levac-Lafond, il est difficile de le déterminer puisque chacune des poutineries a sa clientèle très fidèle. «Dans une petite communauté comme Sturgeon Falls, on choisit le chip stand par rapport au goût, mais aussi par rapport aux liens avec ces gens.» La popularité des comptoirs semble partagée : «C’est toujours occupé des deux côtés de la rue. Monique aussi a sa clientèle très fidèle et a tout le temps des gens devant son chip stand», confirme-t-elle.

Chose certaine, les gens de Sturgeon Falls encouragent leurs casse-croûte, peu importe le côté de la rue. Ils ne sont pas seuls. Les gens se déplacent de Sudbury et de North Bay — voire de Timmins et de Kapuskasing — pour savourer ces bonnes poutines.

Allez-y, faites le plein et partez à l’aventure pour dire lequel de ces casse-croûtes vous préférez. Vos papilles vous en remercieront.

Pour découvrir la poutine nord-ontarienne

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À propos de Priscilla Pilon

Journaliste indépendante et coordonnatrice des communications et du développement au Théâtre du Nouvel-Ontario, Priscilla Pilon a longtemps été une globetrotteuse qui s'est toujours gardée bien ancrée dans la francophonie nord-ontarienne, soit dans ses racines. Passionnée de voyages, de nature et de photographie, elle adore explorer et partager ses aventures d’ici et d’ailleurs. Côté artistique, elle est l'esprit derrière Macramoé du Nord.

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