Vivre le lac Supérieur en voilier

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En 2005, Greg Heroux a décidé de partager sa passion pour la voile et pour le lac Supérieur. Ça a donné Sail Superior, aujourd’hui devenue l’expérience touristique au sommet du palmarès TripAdvisor pour Thunder Bay.

Parce que tant qu’à être sur les rives du plus grand lac d’eau douce au monde, autant le découvrir en voilier! «C’est une expérience qui reste dans l’âme», estime le capitaine.

Le voilier : il permet à l’humain de repousser les frontières. Photo : SPOMT

Un lac en spectacle

Greg Heroux a beau côtoyer le lac Supérieur depuis un jeune âge, il ne se lasse pas de ses eaux et de ses paysages. Les montagnes et la silhouette de la ville prennent un tout autre aspect, vu de l’eau.

Il passe 100 jours par année sur le lac et chaque jour, l’expérience se renouvèle. «C’est un lac vivant. Jamais ennuyant», selon le capitaine. Il parle d’ailleurs de l’étendue d’eau avec émotion. «Le lac Supérieur, c’est comme un spectacle. Il est immense et il a une personnalité.» D’un jour à l’autre, le lac change d’atours : brume ou temps clair, vents calmes ou très forts. Et la chaleur étonne parfois. «Quand on reçoit des gouttes d’eau au visage, c’est frais, c’est bon. Ça ne laisse pas de sel, comme en haute mer», explique-t-il.

Il partage cet amour avec ceux qui montent à bord — et qui, généralement, ne veulent plus quitter le navire! Dès que leurs pieds touchent la terre ferme, ils ne pensent qu’à revenir explorer à nouveau. Ils trouvent ça tout simplement superbe. D’ailleurs, un journaliste qui l’avait accompagné cinq jours sur le lac avait qualifié le Supérieur d’Everest de la voile en eau douce.

Sur le lac comme sur la mer. Photo : SPOMT/Iromoto 2012

Pour Greg Heroux, cette grandeur a quelque chose de romantique. L’humain essaie toujours de franchir de nouvelles frontières. «Il l’a d’abord fait avec un bateau à voile», pour toucher l’horizon.

L’attrait de la mer

Greg Heroux a cherché l’horizon, lui aussi. Lorsqu’il rentre à Thunder Bay pour reprendre racine avec sa petite famille, son frère lui suggère de se lancer dans la location de bateaux. De fil en aiguille, il offre de petits parcours dans la baie et se rend vite compte que ces paysages grandioses exercent une emprise sur bien d’autres.

Il veut aller plus loin. En 2004, il s’embarque dans un voyage en haute mer de Saint-Jean, Terre-Neuve, à Lisbonne au Portugal. Puis il traverse le détroit de Gibraltar, navigue sur la Méditerranée et revient en passant par les Caraïbes. Fort de cette formidable expérience de navigation, il revient au bout de 8 mois avec 15 000 milles dans les voiles.

Greg Heroux se souvient : «Le jour où nous sommes revenus, de Sault-Sainte-Marie, le lac était tellement violent que c’était comme la mer.» Il rentre à Thunder Bay avec l’assurance d’un homme qui a déjà bravé des vagues de plus de 4 mètres et se sent prêt à emmener les gens plus loin sur le lac.

À son retour, devenu capitaine, l’entreprise grandit et la clientèle aussi. Aujourd’hui, trois nouveaux voiliers à coque nue de 40 pieds rendent possibles ces parcours sur le lac Supérieur ou servent aux cours de voile.

L’expérience Sail Superior

Chez Sail Superior, la clientèle locale aime beaucoup admirer le coucher du soleil lors des soirées vins et fromages, dans une expédition de 2 h.

Les touristes, qu’ils viennent de l’Ontario ou du Japon, préfèrent pour leur part l’aventure. Certains d’entre eux choisissent les excursions de 8 h ou de 12 h (direction Sleeping Giant et les iles de la côte), de 24 h (pour sortir des sentiers battus), ou un séjour sur voilier de quelques jours pour apprendre la voile.

Le Sleeping Giant : un géant bien nommé, qui repose dans la baie et qu’on escalade comme Guliver. Photo : SPOMT/McChristie 2011

Pour les visiteurs qui ont peu de temps, le capitaine propose une première approche de 90 minutes «pour avoir une expérience sur un bateau à voile et sur un Grand Lac». Ce parcours, qui se concentre autour du port, permet de mesurer l’ampleur du lac Supérieur.

Il laisse le temps de visiter sur la terre ferme les attractions de la région de Thunder Bay, comme les chutes Kakabeka, le monument à la mémoire de Terry Fox, ce coureur qui a frappé les imaginaires en voulant traverser le Canada au début des années 1980, le fort historique William, où l’on revit la période du commerce des fourrures, et, surtout, les bonnes tables de la ville, de plus en plus reconnues.

Les chutes Kakabeka, un des points d’intérêt de Thunder Bay. Photo : SPOMT

Pour ceux qui veulent aller un peu plus loin, Sail Superior offre, dès cette année, des excursions en zodiac — un bateau pneumatique qui peut atteindre une vitesse de 60 km/h, ce qui permet ainsi d’atteindre le parc provincial Sleeping Giant, ses sentiers de randonnée pédestre et quelques iles de la région. «En voilier, il faut la journée pour faire l’aller-retour. Un zodiac, c’est plus d’adrénaline, c’est plus rapide. C’est excitant et ça permet de grimper sur le géant», explique Greg Heroux. C’est d’ailleurs une des activités qu’il préfère : traverser la baie en bateau pour ensuite profiter d’une randonnée dans le parc provincial Sleeping Giant.

Un francophone retrouvé, notre capitaine?

L’histoire entre le capitaine Greg Heroux et le lac Supérieur est longue. Lorsqu’il avait 10 ans, son père et son oncle ont acheté un bateau à voile, ils y passaient tous les étés.

À cette époque, Greg Heroux ne parlait pas vraiment français. En fait, le capitaine se qualifie de francophone perdu. Chez lui, l’anglais dominait — sa mère, d’origine suédoise, est anglophone. Puis, lorsqu’il était adolescent, son père, originaire de Ville-Marie au Québec, est devenu le premier directeur de la première école franco de Thunder Bay. Quelques années plus tard, Greg Heroux partait pour Montréal, où il a appris le français.

Globetrotteur, il a profité d’une carrière de mannequin qui l’a mené à travers le monde, de ses séjours chez ses ancêtres en Suède et au Japon, où il a habité deux ans, pour apprendre les rudiments de quelques langues. «Assez pour accueillir les clients de l’Espagne, du Japon, de l’Allemagne», dit-il, souriant.

En français, il s’exprime aisément. «Avec des fautes», précise-t-il. Ça l’a incité à envoyer ses enfants dans le réseau scolaire de langue française que son père a contribué à fonder.

Sail Superior 
Marina Park Drive Pier 3, Thunder Bay
Tél. : 807 628-3333
info@sailsuperior.ca
sailsuperior.com/

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