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La tournée agricole Bison-Bruschetta du Témiscamingue
Lors de leur virée agricole Bison-Bruschetta, les visiteurs se délectent de plusieurs dégustations qui jalonnent leur parcours. Mais il y en a aussi pour l’esprit avec une transmission des savoir-faire et des connaissances des producteurs. Guidés par Luc Dubois, les participants apprennent l’origine des ingrédients dont ils vont se rassasier. De la ferme à la table, la boucle agroalimentaire est bouclée !
Le Témiscamingue ontarien n’est pas qu’une région riche en minerai (lisez l'article à ce sujet). Sa richesse agricole en fait aussi une destination de choix pour tous les amoureux de la gastronomie.
Depuis quelques temps, l’agrotourisme est en plein essor dans la région (lisez notre article à ce sujet), source de vitalité économique. L’engagement des producteurs pour une agriculture saine et durable, la détermination des restaurateurs à travailler avec des produits locaux et un terroir authentique font du Témiscamingue une valeur montante dans l’art de la table.
La Tournée Bison-Bruschetta vient a fait son entrée sur la scène agroalimentaire du Nord-Est ontarien en 2018. Elle est orchestrée par Luc Dubois, copropriétaire de la société Harbour View Centre, située à Haileybury, qui offre un service de bed & breakfast et des tournées touristiques dans le secteur.
Avec cette initiative, il voulait surtout faire honneur aux terres ontariennes et à la richesse agroalimentaire locale. « J’ai été élevé dans l’agriculture, avec les forêts, l’eau, les terres. Le Témiscamingue est la région la plus agricole du Nord de l’Ontario. Nous avons plein de produits et d’agriculteurs », décrit-il, passionné. Selon lui, l’initiative répond à une vraie demande de la part des consommateurs, de plus en plus désireux de connaître l’origine de leur nourriture.
La Tournée Bison-Bruschetta permet à de petits groupes de visiter plusieurs sites de production dans la région du Témiscamingue. Entre ferme locale, fromagerie, ranch et café communautaire, les participants en prennent plein les yeux… et les papilles ! Au menu : une expérience complète mêlant plaisirs gustatifs, convivialité et nombreux apprentissages sur le terroir. Une activité qui plaira autant aux visiteurs de passage qu’aux Franco-Ontariens qui ne connaissent pas forcément tous les secrets que renferme leur belle région.
Les 4 étapes de la tournée
Le ranch Bison du Nord
La tournée démarre en beauté avec une promenade mémorable en chariot au sein du ranch Bison du Nord à Earlton. Accompagnés par son fondateur Pierre Bélanger, les participants découvrent pendant une heure et demie le monde fascinant du bison d’Amérique dans ce qui constitue le plus gros ranch de l’Est du Canada, l’un des plus vieux au pays.
Éleveur de bison depuis 1973, aujourd’hui à la tête d’un gros élevage de 300 têtes, Pierre Bélanger accompagne le groupe pour approcher le troupeau au plus près. À une distance de seulement 30 mètres des mastodontes, il explique l’importance d’un élevage naturel et donne des détails croustillants sur les comportements de l’animal. « C’est un animal qui se reproduit une seule fois par an, en automne. Les naissances surviennent en mai-juin. Les mâles pèsent entre 900 et 1000 kilos », explique-t-il. Pour mieux appréhender la bête, les visiteurs peuvent toucher un échantillon de fourrure et même toucher un crâne.
Des explications sont aussi données sur le marché de la viande de bison, sur les particularités de cette viande maigre et naturelle et sur l’histoire captivante du bison d’Amérique. « C’est un animal qui a presque disparu au tournant des années 1900, et aujourd’hui on en compte 150 000 en élevage canadien », précise-t-il. Le Bison du Nord figure ainsi parmi les pionniers.
Le fermier fait aussi la promotion d’une alimentation de proximité. « Depuis longtemps je suis en faveur des produits du terroir dont on connaît la provenance et l’achat local. Au ranch, on se mêle aussi de la question culinaire et économique », soulève Pierre Bélanger. Lui qui a toujours participé aux foires gastronomiques de la région est même l’un des instigateurs de la Foire gourmande de l’Abitibi-Témiscamingue du Nord-Est ontarien qui se tient chaque année à la mi-août à Ville-Marie, juste de l’autre côté de la frontière – et du lac – au Québec.
Aujourd’hui fournisseur de plusieurs épiceries et boucheries de l’Ontario, l’engouement n’a pas toujours été au rendez-vous. « Il y a 45 ans, les bisons étaient peu connus. Aujourd’hui, c’est plus accepté. Mais on continue de faire de la promotion et de la dégustation », renseigne le fermier qui a dû apprendre par lui-même son métier, faute de science d’élevage de bison à l’époque.
Au ranch, l’accent est porté sur un élevage naturel au grand large. « Nos bisons sont nourris comme dans les Prairies autrefois : aux herbes. Ils se nourrissent de graminées, pas de céréales, et de légumineuses, de trèfles, de lotiers, de luzerne et de plantes succulentes protéinées. »
Pierre Bélanger n’est pas non plus avare d’explications sur le Témiscamingue ontarien. De quoi parfaire ses connaissances sur le terroir. « C’est une région agricole très développée et prospère, avec un sol argileux, beaucoup de coulées, de ravins et d’érosion, et un climat très humide, donc très favorable aux bons pâturages », détaille-t-il.
Chez Bison du Nord, une approche holistique est mise en avant : « Nous voulons une agriculture équilibrée, qui n’appauvrit pas les sols, dans une perspective du très long terme, de la stabilité et de la continuité. Mais aussi dans l’intérêt de l’animal, qui a une vie sans stress et paisible. Chez nous, pas d’hormones de croissance, pas d’antibiotique », avise le passionné. Et pour les hommes, c’est la même chose : Pierre Bélanger encourage une vie de famille stable, bien ancrée dans le temps. D’ailleurs, c’est son fils Charles qui prend la relève et assure désormais la gestion de la ferme.
La fromagerie Thornloe
S’ensuit une dégustation de fromages à l’usine Thornloe Cheese Factory située sur l’autoroute 11 Nord près de Thornloe. Marque hautement respectée dans le Nord de l’Ontario, la fromagerie est une véritable institution depuis plus de 68 ans.
Le secret de leur réussite réside dans leurs techniques anciennes de fabrication, respectant les savoir-faire traditionnels avec une touche de modernité. Ouverte dans les années 1940, la fromagerie de Thornloe compte ainsi de nombreux fromages sur son menu : des plus classiques comme le cheddar et le fromage en grains, le colby, la mozzarella et l’emmental, aux spécialités comme l’asiago, le Casey, ou encore le fromage bleu crémeux Devil’s Rock, au nom d’un célèbre lieu de randonnée, qui domine le lac Témiscamingue.
L’usine à fromages s’inscrit elle aussi dans une perspective locale et n’utilise que du lait de vache, de brebis ou de chèvre produit dans la région. En outre, elle est détenue à 100 % par des agriculteurs canadiens.
Au cours de leur passage, les participants en apprennent davantage sur les recettes d’antan, les méthodes de production et l’origine des ingrédients entrant dans la composition des fameux fromages. La visite à proprement dit de l’usine n’est pas possible en raison des règlementations gouvernementales très strictes. Qu’on se rassure : la visite du magasin, elle, est autorisée. Elle est même vivement encouragée. C’est d’ailleurs un endroit très prisé par les usagers de la route 11 pour faire un arrêt crème glacée – avec la Merla Mae Drive-In de Thunder Bay, c’est le seul arrêt nord-ontarien de l’Ontario Ice Cream Trail – et fromage en grains ! Faites de la place dans vos sacs, car vous risquez de repartir les bras chargés !
Le jardin Garden Pleasures
Après une pause gourmande, direction la ferme maraîchère de Garden Pleasures près de New Liskeard. Cette ferme est tenue par la famille mennonite de Bev et Ross Brubacher et leurs trois fils. Vivant exclusivement de la terre, ils sont présents dans plusieurs marchés de la région dont le Riverside Farmers’ Market les samedis de juin à octobre.
Si la majorité du travail dans les champs se fait à la main chez les Brubacher, ils profitent tout de même d’une certaine modernité avec l’usage de l’électricité et d’un tracteur. Les visiteurs découvrent ainsi « une façon plus naturelle et simple de faire de l’agriculture », souligne Luc Dubois.
Production de carottes, de navets, de salades, de brocolis, de fèves, de radis, d’oignons, de tomates, de courges… Mais aussi de bœuf, de dinde et de porc sans hormone ni antibiotique. La ferme Garden Pleasures est un véritable paradis pour les amoureux des légumes et de la viande de bonne qualité.
Lors de la visite de la ferme, c’est toute l’histoire de cette famille de fermiers que les participants découvrent. Les pieds dans le champ, ils apprennent leurs manières de faire, reçoivent des explications sur la saisonnalité des produits, la façon dont ils désherbent naturellement leurs sols et travaillent la terre. Un kiosque est également disponible pour remplir son panier de légumes frais.
Café Meteor Bistro
Dernière étape de la virée gourmande, le Café Meteor Bistro qui complète le décor avec une dégustation de ses très fameuses bruschettas au bison. Les participants peuvent enfin y goûter, ayant désormais à l’esprit l’origine de chacun des ingrédients entrant dans leur composition. (À noter : depuis décembre 2019, les locaux du Meteor accueillent plutôt la microbrasserie Whiskeyjack. À noter, tout près, le restaurant L’Autochtone, lancé par un chef local.)
Nicole Guertin, copropriétaire du Meteor avec Jocelyn Blais, est aussi à l’origine de l’idée de la tournée. Elle qui met un point d’honneur à utiliser des produits locaux, et qui prépare son propre pain à partir de farine faite avec des céréales cultivées et moulues dans la région, s’est un matin levée avec l’idée que les bruschettas au bison, « ça ferait une bonne tournée ! » Aussitôt dit, aussitôt fait. Grâce à l’aide de Luc Dubois qui prend le dossier en main, la restauratrice est aux anges. « Je suis vraiment contente d’avoir un nouveau produit agrotouristique. C’est une bonne façon de faire la promotion de notre restaurant et des producteurs », confie-t-elle.
La cuisine, c’est toute une philosophie au Café Meteor. « On essaie le plus possible de faire avec des produits régionaux. On visite les producteurs avec qui on travaille, on développe des relations avec les fermiers locaux », explique la restauratrice. En fait, la plupart des ingrédients utilisés dans la cuisine de Nicole proviennent d’un lieu situé dans un rayon de 40 km. « On est chanceux, on a un abattoir dans la région, on a des légumes, de la farine, du bœuf, du poisson, du fromage, du café… », complète-t-elle, enthousiaste.
Les bruschettas sont servies dans une grande assiette avec le pain fait maison. Le café s’adapte même aux régimes alimentaires des convives : l’intolérance au gluten est envisagée et même des bruschettas version végétarienne sont proposées !
Nicole est optimiste pour le futur de l’initiative : « Aujourd’hui, les touristes veulent que les produits viennent du plus près possible. Ils recherchent des produits de meilleure qualité à un meilleur prix. C’est une façon de nous positionner dans le Témiscamingue ». Elle perçoit là un impact sur toute la communauté, favorisant un changement d’état d’esprit général : « Dans le passé, les restaurants n’utilisaient pas beaucoup les produits régionaux. Ce genre de tournées est une façon d’encourager la demande et de faire connaître la richesse agricole. »
Les détails de la Tournée Bison-Bruschetta
- Dates de la Tournée Bison-Bruschetta pour 2018 : les 7 et 21 juillet, puis le 25 août et le 1er septembre 2018
- Lieu de départ : Haileybury
- Durée : 5 heures
- Coût : 35 $ par personne, 25 $ pour les enfants de moins de 12 ans, et 85 $ pour les familles composées de 2 adultes et 2 enfants
- Capacité maximale du groupe : 24 personnes
- Langues : français et anglais (groupes moitié francophones, moitié anglophones)
- Pour réserver : rendez-vous sur Eventbrite
Une première édition prometteuse
L’agriculture est non seulement l’un des secteurs économiques les plus importants du Nord ontarien, mais c’est aussi un pôle de stabilité.
James Franks, agent de développement économique pour la ville de Temiskaming Shores, perçoit ce genre d’initiatives comme une belle occasion de mettre en lumière le patrimoine local. « Nous sommes une communauté agricole. Nous essayons de faire le lien entre le tourisme et notre capital agricole. Nous avons de merveilleux producteurs locaux et cette tournée est une opportunité de démontrer quelques-uns des meilleurs produits de la région. »
« Cette année marque un tournant pour nous. Désormais, nous offrons des visites de façon professionnelle et commerciale », indique Pierre Bélanger de Bisons du Nord.
De son côté, Luc Dubois est ravi pour la première année de la tournée. Après cette première année pilote prometteuse, un bel avenir est assuré pour le tourisme culinaire du Témiscamingue ontarien !