Entrevue avec le Luc Levesque, le «Groomer Guy»

Son objectif : créer le sentier de motoneige parfait

Luc Levesque dame les sentiers de motoneige en Ontario depuis plus de 17 ans. Il est maintenant connu parmi les aficionados de la motoneige sous le nom de Groomer Guy grâce à son populaire blogue. Mais... qui est ce «Groomer Guy», et qu’est-ce qui le motive à faire ce qu’il fait?

 

Comment êtes-vous devenu le Groomer Guy?

Je suis né à Hamilton, mais nous avons déménagé à Dubreuilville (juste au sud de Wawa) quand j’avais deux ans. J’ai commencé à damer les sentiers lorsque je suis devenu membre du club local de motoneige, soit il y a environ 17 ans. Cette année, c’est ma 18e année. J’avais environ 20 ou 21 ans lorsque j’ai commencé. J’ai maintenant 39 ans. Je connais chaque coin et chaque recoin de ces sentiers. Certains secteurs, vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point ils peuvent être accidentés — même qu’à l’été on ne peut même passer en camion ou en VTT. Mais je sais où sont les endroits les plus rocailleux, alors je m’assure qu’ils soient bien recouverts de neige, beaux et lisses. J’ai lancé mon blogue il y a quelques années pour que les gens intéressés soient bien informés au sujet de la motoneige. 

Quand j’ai commencé à damer les sentiers, c’était agréable, mais je n’étais pas encore habitué à ce genre de travail. J’appelais quelquefois en ville par un canal banalisé (CB) et disais, «Y’a quelque chose qui ne va pas, je dame les sentiers depuis 6 heures en ligne droite et je ne suis même pas près de la fin. Est-ce que je suis au bon endroit?» Je ne savais pas où j’étais, et à cette époque rien n’était aussi bien marqué que maintenant. En ce temps-là, je damais fréquemment les sentiers 15 ou 16 heures à la fois. J’ai fait des trajets de plus de 20 heures.

 
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Quelle est l’origine du film «The Groomer Guy»?

Le réalisateur Marc Milliard de Collider Films et moi nous sommes rencontrés lors d’une réunion à Rosseau. Plus tard, il m’a envoyé un courriel disant qu’il aimerait faire un film sur moi. J’étais emballé. Je me suis dit, bien sûr, n’importe quoi pour la motoneige.

J’ai été victime d’un accident de VTT il y a quelques années, juste avant de terminer mes études secondaires. J’ai été hospitalisé pendant des mois. À ce moment-là, je voulais étudier le cinéma, mais après l’accident j’ai marché avec une canne pendant un certain temps et je n’ai jamais eu la chance de réaliser ce rêve.

Alors lorsque Marc et son équipe sont arrivés, j’ai été fasciné par tout l’équipement qu’ils avaient. C’était la première fois qu’ils filmaient la motoneige en pleine action et, comme je connais si bien les sentiers, je leur suggérais des endroits où ils pouvaient installer leurs caméras pour avoir les meilleures prises de vue. Marc m’a dit, «tu as l’œil pour trouver les beaux endroits où tourner.» J’ai été très flatté.

Le tournage lui-même a été exténuant. L’équipe filmait tout, séquence sur séquence sur séquences. D’abord, nous avons fait un peu de tournage autour des sentiers, avant d’aller souper. Puis nous sommes partis vers 22 ou 23 heures. Pendant la nuit, une des plus terribles tempêtes de neige de la saison s’est abattue. La vidéo ne rend pas justice à la tempête. C’est incroyable toute la neige qui nous est tombée dessus. C’était en mars. Marc paniquait. L’un des membres de l’équipe m’a demandé «Pouvez-vous voir où vous allez?» Heureusement, je connais ces sentiers par cœur. Je pourrais probablement les damer les yeux fermés. Quelquefois, lorsque je dame plus au nord, je suis dans une zone neutre — sans radio, aucune communication. Seul dans la nuit, seul dans l’immensité. J’y suis donc habitué.

Quand nous sommes rentrés, le jour commençait déjà à se lever. J’ai fait du bacon et des œufs pour tout le monde. Puis, nous avons dormi environ 4 heures, avant de nous aventurer à nouveau.

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Quel aspect du damage étonne le plus?  

Le damage demande beaucoup de temps, c’est beaucoup de travail. Disons que je ne le fais pas pour l’argent. 

Quand je suis sur les sentiers, ma vitesse moyenne est d’environ 10 km/h. Dans les grosses collines, c’est plutôt 5 km/h. Des fois vous avez à descendre pour enlever de la neige. Pendant les grosses tempêtes, vous devez descendre et nettoyer les essuie-glaces, la grille avant, faire le tour de la dameuse pour vous assurer que tout fonctionne. Le plus rapide que j’ai déjà fait est environ 18 km/h. Pendant que Marc filmait avec moi dans la dameuse, nous avons parcouru environ 80 km, et cela nous a pris plus de 7 heures pour aplanir ces sentiers.

 
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Quels sont vos endroits préférés pour faire de la motoneige?

De Dubreuilville à Wawa c’est beau. Wawa compte quelques boucles que vous pouvez emprunter. Beaucoup de gens montent à Hearst. L’un de mes endroits préférés, c’est entre Blind River et Elliot Lake. C’est un très beau sentier, avec beaucoup de montées et de descentes, c’est comme des montagnes russes. Les paysages sont super. 

Dubreuilville a d’abord été un village de scierie, il y a donc beaucoup de chemins forestiers. Pas droits, avec beaucoup de grandes courbes... ça fait de vrais beaux sentiers.

À Dubreuilville, j’aime faire de la motoneige direction nord, vers Missanabie. Il y a de magnifiques sentiers et nous nous arrêtons habituellement à un endroit qui s’appelle Ernie’s. Il fait vraiment d’excellents hamburgers. C’est un endroit qu’aiment bien les motoneigistes.

Pourquoi les gens devraient-ils venir ici?

D’abord, ils peuvent venir au club et me rencontrer. Ensuite, ils peuvent emprunter les sentiers dont nous prenons grand soin. Nous avons beaucoup de neige et une saison plutôt longue, habituellement de décembre à avril, ou fin mars pour plus de sécurité. Dans une année moyenne, vous pouvez faire de la motoneige en avril. L’année dernière j’ai fait de la motoneige en mai.

 

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Qu’est-ce qui vous motive à être le Groomer Guy?

Je le fais pour les motoneigistes, les gens. Vous rencontrez les gens les plus sympathiques en motoneige, c’est ce que je dis toujours. Ils apprécient réellement le travail qu’on fait. Je suis fier de nos sentiers. Je veux les rendre agréables, parce que si c’était moi qui étais là à faire de la motoneige, je voudrais vivre une belle expérience et en profiter. Le sens de la camaraderie et de la collectivité est ce qui me motive.

J’aime aussi faire du VTT, mais je reviens toujours à la motoneige. Les gens sont si sympathiques. Je leur raconte mes histoires, ils me racontent les leurs. Les motoneigistes ne jugent personne. Il y a des banquiers, des avocats, des gens en haute technologie, des programmeurs, toutes sortes de gens de différents milieux qui ne se seraient probablement jamais rencontrés autrement.

Pour que notre sport continue à être fort, il faut qu’une prochaine génération de bénévoles s’investisse. Lorsque je fais du bénévolat, je suis heureux de donner de mon temps et d’aider la communauté. J’adore faire de la motoneige. Je peux pas m’imaginer abandonner ça.

Les motoneiges ont été fournies par sleddealers.ca.
À propos de Luc Levesque

Luc Levesque, AKA The Groomer Guy, is an avid snowmobiler from Dubreuilville, Ontario. He has been grooming snowmobile trails for 17 years.

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