Sentiers de rêve grâce au Groomer Guy de Dubreuilville
Parmi les plus belles randonnées de motoneige en Ontario, la région d’Algoma compte plus de 2000 kilomètres de sentiers qui sillonnent des paysages époustouflants du Bouclier canadien. Au sein même de la région, le canton de Dubreuilville compte à lui seul 800 kilomètres d’excellents sentiers, soigneusement entretenus par des passionnés comme Luc Lévesque. Découverte d’un territoire de rêve pour s’évader en motoneige.
Des kilomètres et des kilomètres de sentiers ininterrompus, dans un paysage sauvage à couper le souffle, sur de belles pistes peu achalandées. C’est le rêve de tout motoneigiste et c’est ce que vous retrouverez dans la région d’Algoma et plus particulièrement à Dubreuilville. Si les sentiers sont en si bonne condition, c’est bien grâce à Luc Lévesque, communément appelé le Groomer Guy.
Dès les premières importantes bordées de neige, Luc monte à bord de son «tracteur» à la tombée du jour et se met à la tâche pour baliser, débroussailler et niveler les sentiers du district 13, soit l’immense territoire entourant le village de Dubreuilville, où il habite. À bord de sa surfaceuse, il enfile des distances impressionnantes, souvent pendant 16 heures d’affilée. C’est un boulot titanesque qui le passionne toujours, depuis maintenant 18 ans. Et les trois quarts du temps, il le fait tout à fait bénévolement.
Petit détail en passant : bon an mal an, il tombe en moyenne pas moins de 10 à 12 pieds de neige dans la région !
Enfin pourquoi Luc part-il lorsque le soleil se couche? «Parce que la nuit, la neige est plus dure et j’ai une meilleure visibilité avec les phares qu’en plein jour alors que le soleil est éblouissant. Aussi les ombres créées par les phares me permettent de voir les détails, les branches que je dois couper, les bosses et les trous que je dois niveler et combler dans le chemin», explique-t-il.
Luc Lévesque connaît le territoire qui entoure son patelin comme le fond de sa poche. La magnifique forêt de Magpie en marge du village ainsi que les environs, soit les sentiers menant à Hornepayne, à Wawa, à Missanabie ne sont qu’une partie d’un réseau de motoneige de la région d’Algoma.
Pour ce spécialiste des sentiers, baliser les pistes est un art. «Je suis bien minutieux. Y’a du monde qui me dit : “c’est toi qui a groomé le sentier qui mène à Missanabie? On reconnaît ton style”», dit-il avec une pointe de fierté.
Blogue et vidéo
Il faut souligner que Luc est en quelque sorte une vedette locale, dont la renommée a largement dépassé les frontières. Cet expert des sentiers a souvent été le sujet de reportages à la télé, à la radio et dans la presse écrite. La raison? La vidéo de lui en action à bord de sa surfaceuse, qui a été réalisée en 2012 ainsi que son blogue. Référence incontournable pour les sledders, le blogue du Groomer Guy est consulté par d’innombrables motoneigistes de partout au pays et d’ailleurs. «Il y a des gens de l’Indiana, du Montana, de l’Ohio et autres États américains, de même que des Européens qui suivent mon blogue et viennent ensuite essayer nos trails», informe-t-il.
Aurores boréales et orignaux
Pour permettre aux motoneigistes de s’en donner à cœur joie sur les nombreux sentiers de cette région, Luc passe sa surfaceuse la nuit pendant qu’il n’y a pas de trafic. Il parcourt des pistes pittoresques à travers des chemins à découvert, des sous-bois et en montagne.
Les sentiers sont pour la plupart des chemins de foresterie abandonnés. Par contre, Luc doit s’adapter et contourner certains sentiers et signaler ces changements lorsque les compagnies forestières exploitent des parties de la forêt.
Pendant ses virées nocturnes, ce coureur des bois des temps modernes vit des expériences hors du commun. «Au fond des bois comme ça, c’est le silence complet, à part le son de mon tracteur. Pas de téléphone, même pas de radio, les ondes ne se rendent pas aussi loin dans la forêt. Je suis seul au monde. La sainte paix.»
Comme récompense de son dur labeur, Luc a occasionnellement droit à de belles rencontres dans sa région qui compte une faune abondante.
«C’est tellement trippant de voir une maman orignal avec ses petits en bordure de piste. Puis, dernièrement, un gros buck me bloquait le chemin et ne voulait pas bouger. J’ai ouvert la porte et lui ai crié de se tasser. Il avançait un peu, puis s’arrêtait. On a joué au chat et à la souris comme ça pendant un bon bout de temps avant qu’il ne disparaisse dans la forêt.»
Ce chanceux a aussi le privilège d’être aux premières loges d’un spectacle grandiose : les aurores boréales. «Il y en a souvent. Je me rends au top de la montagne et je prends une pause pour regarder les aurores boréales. Le ciel étoilé rempli de lumières qui dansent et les sapins couverts de neige qui ont l’air de fantômes, c’est tellement beau!»
Mais tout n’est pas toujours rose au pays des neiges. Luc a connu sa part de pépins comme des crevaisons et la panne occasionnelle. Comme cette fois où le moteur de la surfaceuse de courtoisie qui remplaçait le sien en réparation au garage a calé. «Je n’avais pas mon kit de survie avec moi, j’étais loin dans le bois et il faisait moins 30 °C. J’avoue que j’ai eu peur de devoir y passer la nuit. Mais au bout de 45 minutes, j’ai réussi à repartir l’engin.»
Avec un horaire si chargé, partagé entre sa surfaceuse, la vie de famille, le conseil municipal et ses activités de loisir, Luc, qui adore faire de la motoneige, n’a pratiquement jamais l’occasion de dévaler les sentiers qu’il déblaie. Mais quand il le peut, il aime bien son sentier préféré, soit celui d’Elliot Lake en passant par Blind River. «Aussi, on peut même traverser la frontière américaine pour se rendre à Drummond Island au Michigan, via l’île St.Joseph, au sud de Sault-Sainte-Marie.»
De Sault-Sainte-Marie à Hearst en passant par Dubreuilville, EN train
Une façon bien agréable de se rendre sur les sentiers de motoneige d’Algoma, c’est d’emprunter le circuit en train du chemin de fer d’Algoma, surnommé Tracks to Trails (des rails aux sentiers). Les motoneigistes peuvent embarquer leur bolide à bord du train à partir de Sault-Sainte-Marie à destination de Hearst. Ce trajet de 476 km est entrecoupé par des arrêts à Hawk Junction (Wawa) ou à Dubreuilville à partir desquels les motoneigistes ont le loisir de descendre et de parcourir les sentiers à leur guise.
Descendez donc à Dubreuilville, n’importe quel Dubreuilvillois qui se fera un plaisir de vous informer sur les divers sentiers de la région. Dans cette sympathique municipalité à majorité francophone, on aime la motoneige! C’est d’ailleurs l’un des moyens de transport principaux pendant l’hiver.
Une petite suggestion aussi avant de partir : lorsque vous achèterez votre permis de sentier (obligatoire) auprès de la Fédération ontarienne des clubs de motoneige, procurez-vous le en ligne et sélectionnez le «District 13» ainsi que le nom du Club Alouettes Dubreuilville. Ainsi vous contribuerez au maintien et bon entretien des sentiers de la région.
Et si vous choisissez de séjourner à Dubreuilville, vous trouverez de l’hébergement tout confort au Relais Magpie.