Observer les oiseaux dans le Nord de l’Ontario

Depuis 15 ans, Roxane Filion observe les oiseaux — et l’intérêt croissant pour l’ornithologie. Le Nord de l’Ontario n’a rien à envier aux destinations populaires, dit-elle. «Les oiseaux ne suivent pas une carte touristique.»

Des oiseaux, Roxane Filion en observe partout où elle va, depuis une quinzaine d'années. 

Comme bien d’autres, elle a déjà voyagé dans le sud de l’Ontario pour les observer, au printemps. Chez Parcs Canada en Ontario, on compte des destinations vedettes auprès des ornithologues : Pointe Pelée, Longue-Pointe, Îles-de-la-Baie-Georgienne. Mais ce n’est pas vraiment nécessaire de se rendre jusque-là, croit-elle. «La plupart des oiseaux que les gens vont regarder dans le Sud de l’Ontario au printemps migrent dans le Nord de l’Ontario pour l’été, ou passent par ici pour aller nicher dans les toundras arctiques», précise-t-elle.

«La forêt boréale du Nord de l’Ontario est reconnue comme le vivier des oiseaux chanteurs », écrit la passionnée dans un article d’Ontario Nature

Où observer les oiseaux, dans le Nord

On peut les observer là où l’on veut, et c’est ce qui fait la beauté de l’ornithologie, croit Roxane Filion. «Les oiseaux ne suivent pas une carte touristique. Ils choisissent un habitat qui peut leur fournir de la nourriture. Peu importe où l’on est, près d’un marais, d’un lac, d’une plage, d’un sentier dans la forêt, des champs, la clé, c’est d’avoir des lunettes d’approche.»

Les marais sont des endroits tout indiqués. Et il y en a beaucoup dans le Nord de l’Ontario.

Le marais Hilliardton, un centre reconnu internationalement, est prisé. «Il y a un sentier autour, élevé, et on peut vraiment regarder les espèces, puis parler à des gens qui sont très connaissants dans le domaine.»

À Timmins, par exemple, notre guide fréquente le lac Porcupine, Gillies Lake, le centre de réclamation minier Hollinger Tailings. «On peut vraiment voir des centaines d’espèces d’oiseaux dans ces trois places-là.»

Il existe un grand nombre de zones de conservation, à Timmins le long de la route 144, autour de Sudbury et North Bay, par exemple, et combien de Parcs Ontario

Les meilleures saisons d’observation

Les oiseaux sont au rendez-vous en toute saison, c’est entendu. Cependant, les feuillages d’été rendent le repérage plus difficile. Les ornithologues préfèrent donc le printemps et l’automne — la saison des migrations. L’hiver offre aussi un excellent terrain de jeu.

Observer le printemps et l’automne

Roxane Filion cible le temps de la fonte des neiges, dans le Nord, soit la fin d’avril et le début de mai, avec des dizaines d’espèces de charmantes parulines et de bruants, par exemple. 

En septembre, c’est au tour des oiseaux de rivages de parader dans le Nord de l’Ontario.

Pendant les migrations, la fenêtre d’observation est d’une semaine ou deux, dit-elle.

Roxane Filion a un coup de cœur pour les limicoles. «Ce sont de petits oiseaux de rivage qui nichent dans la toundra arctique. Ils voyagent 10 000 km à l’automne et environ 10 000 km au printemps pour revenir nicher. C’est fascinant!»

Roxane Filion est installée avec son téléscope surr un sentier près d'un lac, l'automne.
Roxane Filion observe des macreuses à ailes blanches en migration au lac Porcupine (octobre 2023). Il s'agit d'une espèce qu’elle aime beaucoup observer lors de la migration d’automne.

Observer l’hiver

L’hiver est aussi un moment de choix pour observer les oiseaux dans la forêt boréale. Il y a même des personnes qui se déplacent du Sud de l’Ontario — destination courue par les ornithologues — pour voir des espèces que Roxane Filion qualifie de résilientes : le pic à dos rayé, le pic à dos noir, la mésange à tête brune, beaucoup d’espèces de hiboux, comme la chouette cendrée (ou chouette laponne) et le mésangeai du Canada.

Observer pour protéger les habitats

Des recensements ouverts au grand public et des collectes de données permettent d'évaluer les changements dans les habitudes des populations. Ces saisies de données renseignent les chercheurs sur les migrations et les déplacements d'habitat. Transformées en cartes de répartition et d'abondance, elles révèlent où l’on devrait concentrer les efforts de conservation.

Le retour du pygargue et du cygne

L’utilisation de pesticides, la destruction des habitats et les changements climatiques ont une incidence directe sur la présence des oiseaux, rapporte Roxane Filion.

«Il y a des déclins d’oiseaux de prairie dans les derniers 30-40 ans», auxquels s’ajoute celui des insectivores aériens, comme les hirondelles et les engoulevents, décrit celle qui a coordonné les activités de l’Ontario Breeding Bird Atlas 2021-2025 dans la région de Timmins.

Mais tout n’est pas perdu. Le fait d’avoir banni l’utilisation de produits comme le DDT a des effets favorables sur les espèces.

«On voit déjà un rebondissement pour le pygargue à tête blanche, par exemple. On voit aussi un regain de l’aire de répartition historique du cygne trompette, qui était partout avant la colonisation, dans les années 1900.»

Des gens en ont observé autour de Timmins, de Cochrane, de Smooth Rock Falls et de Kapuskasing.

Les grands recensements publics

On peut participer aux événements de recensement grand public et joindre l’utile à l’agréable. «C’est l’endroit idéal où commencer, suggère Roxane Filion. On peut suivre quelqu’un de beaucoup plus habitué aux oiseaux et apprendre.»

Tout au long de l’année, Conservation de la nature Canada tient un «Grand BioBlitz», auquel on participe en enregistrant des photos de ses observations sur l’appli iNaturalist.

Le Grand dénombrement des oiseaux mené à la mi-février par Cornell Lab, Audubon et Oiseaux Canada permet de brosser un bon portrait des espèces qui habitent le Nord.

D'ailleurs, la participation à ce recensement international a grimpé en flèche, passant de 143 000 participants en 2015 à 642 003 en 2024.

Dans le Nord de l’Ontario, ce recensement grand public a permis de répertorier la chouette de Tengmalm dans l’île Manitoulin, la sittelle à poitrine rousse à Sudbury, la gélinotte huppée dans Algoma, le jaseur boréal au Témiscamingue ontarien, le harfang des neiges et le bec-croisé bifascié à Cochrane, le durbec des pins, le sizerin flammé et le tarin des pins à Thunder Bay, le bruant des neiges à Kenora et combien d’autres espèces…

Ajoutons le recensement de Noël d’Ontario Nature, d’Audubon (qui a vu le jour en 1900) et d’Oiseaux Canada et celui de Pâques.

On peut trouver du soutien auprès des clubs de naturalistes de Marathon, de Thunder Bay, de Sault Sainte-Marie et de Nipissing, par exemple.

Roxane Filion, pendant un recensement, en juillet 2025, près de Cochrane.
Roxane Filion lors de la collecte de données pour l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario, près de Cochrane, en juillet 2025 

Des excursions guidées

On peut aussi partager le plaisir. Par exemple, les Ontario Field Ornithologists organisent des randonnées un peu partout dans la province — notamment à Timmins, avec une certaine Roxane Filion.

En mai 2025, lors d’une journée autour du lac Porcupine et de la zone de conservation White Waterfront, son groupe a observé 69 espèces. Sur la liste : harle huppé, sarcelle à ailes bleues, canard souchet, mouette de Bonaparte, mésange à tête noire, paruline tigrée, paruline obscure, paruline à gorge orangée, paruline noir et blanc, paruline à collier, paruline flamboyante, viréo de Philadelphie, grue du Canada, troglodyte des forêts, roitelets, grive solitaire, sittelle à poitrine rousse…

Roxane Filion dirige aussi les curieux vers le marais Hilliardton, qui organise, avec les Ontario Field Ornithologists, un événement de trois jours tous les mois de septembre. Au programme, randonnées guidées et baguage d’oiseaux — notamment de hiboux. Une expérience concluante!

Applis et ressources utiles

Si Roxane Filion croise de plus en plus d’adeptes de l’ornithologie en forêt, c’est notamment que les outils sont aujourd’hui nombreux pour faciliter l’observation.

Les téléphones intelligents munis d’un appareil photo, les applications et autres outils pour identifier les oiseaux ont contribué à stimuler l’appétit pour l’observation d’oiseaux.

Dans un article d’Ontario Nature, Roxane Filion cite l’application NatureCounts et l’enregistreur Zoom H2n.

Lancez-vous! Des jumelles (qu’on peut parfois même emprunter à sa bibliothèque locale) des chaussures, des bottes ou des raquettes, et un téléphone… Le tour est joué. Qui sait, une macreuse, une chouette ou une charmante paruline vous attend peut-être.

À propos de Andréanne Joly

Andréanne Joly aime explorer, fouiller et faire découvrir la francophonie de l'Ontario et ses espaces touristiques. Par leur richesse, leur beauté, leur diversité et leur accessibilité, les destinations ontariennes ne cessent de l'épater. Passionnée par l'histoire, elle prépare des reportages et des dossiers pour ICI Radio-Canada, Francopresse.ca, TFO, L'Express de Toronto, Le Voyageur de Sudbury, Northern Soul, Affaires universitaires... Ses reportages lui ont valu des prix d'excellence nationaux. 

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