L’histoire cachée de Thomas Edison au Canada
Le grand inventeur américain Thomas Edison a visité Sudbury au début des années 1900. C’est qu’il était à la recherche de grands gisements de nickel. Très bien, mais pourquoi le nickel? Sachez ce qui le motivait, découvrez les traces restantes de sa visite dans la région et apprenez pourquoi il aurait bien pu être Canadien de naissance.
À Sudbury, le nickel règne. On trouve un peu partout en ville des évocations de ce métal blanc luisant. Qu'il s'agisse de noms de commerces, comme Nickel Refillery, ou de la monumentale attraction haute de neuf mètres qu’est le Big Nickel, la présence du nickel se fait sentir. Mais Sudbury n’est pas une ville minière comme les autres, car la géologie l’a dotée d’un des plus riches gisements de nickel de toute la planète. Ce gisement a résulté, croit-on, de l’impact d’une comète qui a percuté la Terre il y a environ 1,8 milliard d’années. Ici, l’industrie de l’extraction du nickel est immense depuis des décennies, si bien que Sudbury porte tout naturellement son titre de Capitale mondiale du nickel.
Mais ce que vous ne saviez peut-être pas, c’est que parmi les prospecteurs venus explorer ici se trouvait le plus célèbre des inventeurs du monde entier : l’américain Thomas Edison.
LIENS FAMILIAUX
Quand Edison est venu visiter le nord de l’Ontario en 1901, il n’en était pas à sa première visite dans la province. Dans son enfance, Edison s'y était rendu pour visiter son grand-père, Samuel Edison, qui avait déménagé de la Nouvelle-Écosse vers le sud-ouest de l’Ontario en 1811. Le capitaine Edison s’était établi à Vienna, un petit village qu’il a lui-même, croit-on, baptisé de ce nom. C’est un motif de renommée pour cette petite communauté sise au nord du lac Érié. Tous ses habitants peuvent vous indiquer exactement où se trouvait la maison de ferme du grand-père et parfois même vous raconter une histoire datant de l’époque du passage du jeune Edison.
Plus encore, Edison aurait fort probablement vu le jour à Vienna si son père n’avait pas été mêlé à des affaires politiques. Samuel fils a fui vers les États-Unis après la tentative manquée de renverser le gouvernement colonial que fut la rébellion de 1837. Par conséquent, c’est la ville de Milan, en Ohio, qui se targue aujourd'hui d’être le lieu de naissance de Thomas Edison.
LA VISITE D’EDISON À SUDBURY
Alors, qu’est-ce qui a motivé la visite d’Edison à Sudbury? En un mot : les autos. Dans les années 1890, un nouveau mode de transport, les voitures électriques, se répandait aux États-Unis. Mais les batteries posaient problème : faites de plomb et d’acide, elles étaient lourdes et se corrodaient rapidement. Toujours le précurseur, Edison cherchait des métaux qui pourraient servir à créer de meilleures batteries. Après de nombreux essais, il a découvert qu’un de ces métaux était le nickel.
C’est alors que Sudbury fait son entrée dans le récit. À la fin du 19e siècle, ses mines de nickel étaient florissantes et les journaux canadiens et américains vantaient hautement la région. Dans l’esprit d’Edison, l’ampoule s’est allumée (appréciez la métaphore) alors qu’il visitait la Pan-American Exposition à Buffalo (New York) en 1901. Dans le pavillon des mines, il avait un présentoir qui décrivait les vastes réserves de nickel et de graphite de Sudbury. Edison n’a pas tardé à organiser son voyage dans le Nord.
Dès août 1901, Edison est arrivé à Sudbury avec son équipe. Évidemment, sa présence a été remarquée. Dans une lettre envoyée à sa femme, Edison a décrit la cérémonie d’accueil que lui ont fait le maire de Sudbury, T.J. Ryan, et les dignitaires de la ville sur le balcon de son hôtel. Edison a loué un bureau au centre-ville de Sudbury, rue Larch.
À quelques milles au nord-est de Sudbury, dans le canton de Falconbridge, Edison a jalonné un claim minier. À quelques reprises au cours des deux prochaines années, il a vaillamment tenté d’y forer un puits de mine, mais sans jamais réussir à contourner une couche de sable mouvant qui empêchait son progrès. Après avoir dépensé une importante somme sur ce projet, Edison a mis fin aux travaux.
APRÈS EDISON
Si seulement Edison avait pu creuser juste un peu plus en profondeur, il aurait fait une découverte immense. Car quelques années plus tard, la compagne J. Longyear (et d’autres) ont atteint du nickel à peine quelques pieds plus bas. Edison a raté le gros lot de très peu. C’est plutôt la compagnie Falconbridge Nickel Mines ltée, établie non loin de là en 1928, qui est devenue un des plus grands producteurs de nickel au monde. Puis, de nos jours, c’est Sudbury Integrated Nickel Operations, une division de Glencore, qui possède ces terrains, y compris celui qu’Edison a exploré.
LA PRÉSENCE D’EDISON DE NOS JOURS
Sudbury est fier de ses liens avec le grand génie américain et la ville porte quelques marques du souvenir de son passage. La plus voyante est sans doute le chemin Edison, qui s’étend à partir de l’agglomération de Falconbridge, de l’édifice de Glencore, en fait. C’est inspirant de penser qu’Edison a sans doute dû se promener à cet endroit même, la tête pleine de rêves et de projets.
Non loin de là, rue Lindsay, se trouve un bâtiment moderne qui a longtemps porté le nom de Thomas Edison. Autrefois, c’était le bureau principal de Falconbridge; de nos jours, il abrite les Archives du Grand Sudbury. Sur rendez-vous, vous pouvez y visionner des documents d’époque, comme ce film de 1941 qui contient des prises de vue fascinantes sur le village de Falconbridge.
Pour ceux qui aimeraient en apprendre plus sur la visite d’Edison à Sudbury, la Bibliothèque publique centrale de Sudbury serait un bon endroit où commencer. Ici, vous pouvez dénicher la concession qu'Edison a obtenue de la Commission des terres de la couronne en 1902. À quelques minutes de route, le centre Terre dynamique de Science Nord propose « Histoires de la ville du nickel », une présentation théâtrale multimédia dont la réouverture est prévue en février 2022. Les images semi-transparentes de cette production évoquent nombre d’épisodes de l’histoire régionale et minière, y compris la visite d’Edison. Un bel artefact à admirer est une pelle qu’Edison a maniée jadis.
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