La grande boucle de motoneige du Nord

Prêt à avaler les kilomètres?

Avec ses milliers de kilomètres de sentiers de motoneige, le Nord ontarien offre ce qu’il y a de mieux en matière de qualité des sentiers, de faune et d’accueil dans les communautés. À travers la forêt boréale, les motoneigistes parcourent des terrains variés entre Timmins, Wawa et Hearst. Ils aperçoivent des orignaux blancs près de Foleyet, prennent une bouchée à The Vous de Gogama et passent la nuit au magnifique Relais Magpie de Dubreuilville. Là, dans la «man cave», ils se racontent leurs péripéties, tandis que leur machine repose dans le luxe : un garage chauffé!

On vous propose l’aventure d’une boucle nord-ontarienne. Avec ou sans guide, les motoneigistes peuvent faire le grand tour (Timmins, Foleyet, Chapleau, Wawa, Dubreuilville, Hornepayne, Hearst et Kapuskasing) de 4 à 6 jours, ou bien une boucle plus petite d’un jour entre Timmins et Gogama. Il faut préciser que la piste principale ne passe pas directement à Gogama, mais plutôt près de Mattagami First Nation. Il faut emprunter un sentier secondaire pour se rendre dans le village.

Où votre machine vous conduira-t-elle?

Des terrains variés pour tous les gouts

Les différents secteurs sauront plaire à tous les types de motoneigistes : de Dubreuilville à Hearst, c’est plus montagneux et de Hearst à Cochrane, le terrain est plus plat. «Nos régions offrent des chemins larges et bien entretenus», raconte le dameur de Dubreuilville et blogueur en résidence de northernontario.travel, Luc Levesque. «Nous avons une grosse variété de grands sentiers de bois, de lacs et de circuits de chemin de fer convertis en sentiers de motoneige. Il y a aussi des sections où l’on peut aller plus vite et d’autres à virages plus abrupts. C’est un mix», précise-t-il.

Des sentiers comme des autoroutes.

La présidente du conseil de motoneige de Foleyet, Denise Godin, mentionne également la faune et la flore incomparables du Nord : «Le paysage est très unique. Tu peux faire 140 km sans voir de villes : ce sont des champs de neige, de la forêt, des renards, des orignaux, des loups même et des chats sauvages. Il y a beaucoup d’animaux. C’est la nature : tu es dans les montagnes, tu traverses des rivières, c’est vraiment l’aventure!»

Conditions idéales

Le nord de l’Ontario s’est taillé une place de choix dans le monde de la motoneige. Contrairement au Sud, il y a moins de circulation, ce qui veut dire que les pistes demeurent en meilleure condition, plus longtemps. La longue saison froide est la recette idéale pour des sentiers de qualité : «Nos sentiers sont groomés à la perfection. Nous avons la neige et la température qu’il faut. Les pistes ont le temps de durcir et de se placer comme il faut - on a une bonne base», relate M. Levesque.

De plus, en pleine forêt, il y a peu de terrains privés, ce qui veut dire que les pistes sont permanentes, et souvent ininterrompues. M. Levesque explique l’avantage de ne pas avoir à traverser de routes : «Nous n’avons pas de 'stop-and-go'. Nous ne sommes pas toujours en train de nous arrêter pour traverser des chemins ou des cours. Tu t’en vas au Nord et let’s go!», ajoute le dameur.

Pat Bouchard fait le grand tour toutes les années.

Guide touristique bien renseigné, Patrick Bouchard révèle que les sentiers de motoneige sont comme des autoroutes. «Certains sentiers sont étroits, mais 95% du temps tu es pratiquement sur une autoroute. Tu peux te sentir plus en sécurité et le paysage est vraiment beau», confirme-t-il.

Faire le plein?

Les grandes distances qui caractérisent ce parcours ne sont pas un obstacle à la facilité d’organisation. L’expert en la matière raconte également que les modèles de motoneige d’aujourd’hui permettent de parcourir de très longues distances avant d’avoir à refaire le plein. «Maintenant les motoneiges peuvent pratiquement se rendre de Dubreuilville à Hearst sur un réservoir d’essence», précise-t-il. M. Bouchard fait justement plusieurs randonnées à titre de guide... et pour le plaisir bien sûr! Il parcourt d’ailleurs la grande boucle tous les ans.

Un des warm-up shacks.

Pour ce qui est des arrêts, on trouve des stations-service dans tous les villages (Dubreuilville, Hornepayne, Hearst, Mattice, Opasatika, Kapuskasing, Moonbeam, Smooth Rock Falls, Cochrane, Timmins, Foleyet, Gogama, Mattagami First Nations, Chapleau, Halfway Haven et Wawa). La plus longue distance à franchir se situe entre Dubreuilville et Hearst (140 km). «Il n’y a rien entre les deux, juste des cabanes pour se réchauffer (warm-up shacks). Ensuite, les autres villages sont assez près et les distances sont plus courtes», formule le guide-motoneigiste. Là, on trouve hôtels et restaurants où l’on peut laisser sa motoneige en toute sécurité.

Communautés accueillantes

Ces villages sont en grande partie responsables du charme de l’expérience d’une boucle nord-ontarienne. «On aime bien les motoneigistes et nous avons une longue histoire : le club de motoneige existe depuis 52 ans, évoque le dameur de Dubreuilville. Nous avons toujours été un village de motoneige, donc on est heureux de voir que les gens tirent avantage de nos sentiers et qui apportent leur famille ici. Que les gens aient un bris mécanique ou besoin de directions, nous les communautés dans le nord de l’Ontario, on les reçoit à bras grands ouverts», promet-il.

 «Que tu parles anglais ou français, tu vas avoir de l’aide partout. J’ai des Québécois qui ne parlent pas un mot anglais, le monde les aide, et même chose de l’autre côté, le monde vient à Dubreuilville où certains ne parlent pas anglais et ils se font aider pareil. Les visiteurs se sentent à l’aise... ils se sentent comme à la maison», seconde M. Bouchard.

Présidente du club de motoneige de Foleyet, Denise Godin témoigne que les habitants locaux sont toujours heureux de leur passage : «Les motoneigistes apportent beaucoup de vie dans la communauté.» Pour les petits villages comme Foleyet, leur visite est très importante. «L’été, à cause de la pêche et de la chasse, la population augmente », illustre-t-elle. L’hiver, ce sont les motoneigistes qui aident à faire rouler l’économie.

Un circuit complet

L’avantage d’avoir un réseau de communautés bien connectées est l’entraide entre celles-ci pour donner la meilleure expérience à ceux qui décident de chevaucher leur machine et de s’aventurer. Des gens comme Mme Godin travaillent fort à trouver une relève afin de garder toutes les sections des circuits ouverts. «Les motoneigistes aiment faire des boucles. Donc ils ne veulent pas passer à la même place, ils veulent faire un tour», témoigne-t-elle.

En effet, les pistes de Foleyet sont rouvertes depuis quatre ans. Pendant cinq ans, les chemins entre Foleyet et Opishing et entre Foleyet et Shawmere étaient fermés. Avec la grande demande de motoneigistes du Sud, le club de motoneige de Foleyet a entrepris le projet de réouverture. «C’était beaucoup d’ouvrage, car elles avaient été fermées depuis longtemps, ce qui veut dire que tu dois recouper les arbres, placer des calvettes (ponceaux), des ponts et c’est tout du travail volontaire, soulève-t-elle. Les sentiers sont maintenant comme neufs.

«Avec le corridor ouvert, ça donne la possibilité aux motoneigistes de se rendre à Hearst, à Sault-Ste-Marie, à Wawa... de faire le tour», précise Mme Godin.

Quelques lois à respecter

Détail important, afin d’avoir accès à tous ces beaux sentiers balisés, il faut acheter des droits d’accès. (Voir l'article à ce sujet.)

Michel Veronneau, motoneigiste et trappeur à la retraite, suggère de ne pas rouler trop vite, car on pourrait rencontrer d’autres motoneigistes sur les pistes. «Il faut respecter les lois et la vitesse!», dit-il, alors qu'il pêche sur un lac à quatre minutes de chez lui. On ne peut s’attendre à rien de moins lorsqu’on vit dans le Nord ontarien!

Détails

Durée : grande boucle 4 à 6 jours, petite boucle 1 jour

Budget : environ 200 $ par jour avec logis, plus les droits d'accès.

Apporter de jeunes enfants? Oui, mais il faut s'assurer qu'il ne fera pas trop froid (préférablement en mars).

Le magazine Supertrax a écrit un article au sujet de cette expérience. Lisez-le!

Habillez-vous bien!

À propos de Priscilla Pilon

Journaliste indépendante et coordonnatrice des communications et du développement au Théâtre du Nouvel-Ontario, Priscilla Pilon a longtemps été une globetrotteuse qui s'est toujours gardée bien ancrée dans la francophonie nord-ontarienne, soit dans ses racines. Passionnée de voyages, de nature et de photographie, elle adore explorer et partager ses aventures d’ici et d’ailleurs. Côté artistique, elle est l'esprit derrière Macramoé du Nord.

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