Prévisions d'hiver 2022-2023 en Ontario
Nous marquons ici le 10e anniversaire de ce qui est devenu une tradition : les prévisions hivernales pour les motoneigistes 2022-2023! Depuis 10 ans, je vous présente le guide d’hiver le plus complet et le plus positif. Que les prévisions soient bonnes ou mauvaises, nous vous présentons des infos qui s’appuient sur des données scientifiques, les connaissances d’experts et des opinions qui vous donneront encore plus hâte de sauter sur votre motoneige — du moins envie de planifier l’hiver!
Comme dans les éditions précédentes, j’interpréterai ici les signes avant-coureurs de l’hiver, pour que les motoneigistes (et tous les sportifs d’hiver) sachent à quoi s’attendre. Vous y lirez les réponses aux questions qui vous brûlent les lèvres : où trouvera-t-on la meilleure neige? Combien de temps durera l’hiver? Quelle sera la meilleure destination pour la motoneige? Et, bien sûr, pourquoi devriez-vous être prêt à partir à l’aventure en motoneige?!
CONFIANCE SCIENTIFIQUE
Une note de 91 % dans une évaluation scolaire, ça donnerait un A. Début septembre, les modélisations de l’Administration océanique et atmosphérique nationale des États-Unis (NOAA) prévoyaient que La Niña continuerait vraisemblablement d’agir sur l’hémisphère nord pendant l’hiver 2022-2023, avec 91 % de probabilités de se produire de septembre à novembre. Cette probabilité diminuera à 54 % de janvier à mars 2023. À mesure que La Niña s’estompera, à l’équinoxe de mars, les tendances évolueront vers une position plus neutre, de point de vue de l’El Niño — Oscillation australe (ENSO).
Cependant, une note intéressante dans ce rapport révèle une division entre les prévisions dynamiques et celles du modèle statistique. Ce qui suggère que La Niña pourrait persister de janvier à mars.
Qu’est-ce que cela signifie pour la motoneige en Ontario? Dans la carte ci-dessous, on voit que La Niña a un effet sur le courant-jet. Il devient une voie de passage où se mélangeront air froid et air humide. Hypothétiquement, ça pourrait donner des chutes de neige importantes et constantes sur une grande partie de l’Ontario.
Les conseillers professionnels
Brett Anderson, météorologue principal chez Accuweather, a noté dans ses prévisions de l’automne 2022 que «La Niña sera en place cet automne, ce qui aura des incidences sur la saison et peut-être sur l’hiver». Au moment de publier le présent article, ses prévisions d’hiver pour le Canada ne sont pas encore connues, mais les prévisions pour l’automne 2022 donnent quelques bons signaux aux motoneigistes.
Brett note que l’Ontario peut s’attendre à un automne plus sec et plus chaud, et que nous aurons droit à de longues périodes de météo automnale favorable. Ce sont de bonnes nouvelles pour les sentiers : les marécages auront le temps de s’assécher, les clubs pourront terminer les travaux de préparation et, surtout, les précipitations viendront quand il fera plus froid. Ça donnera de la neige qui reste!
Cette année, une source s’ajoute à notre équipe des prévisions annuelles : le Weatherman Plus, actif sur YouTube. La vidéo ci-dessous explique que nous verrons de nombreuses tempêtes monstres, qui s’abattront sur tout le monde. Ça vaut la peine de le visionner et c’est peut-être un signe des tendances de l’hiver 2022-2023 : les deux prévisions parlent d’un coup double…
Très fort et très froid, dit le vieux
Vous portiez encore votre maillot et profitiez du soleil lorsque l’Almanach des fermiers a publié ses prévisions météo pour l’hiver 2022-2023, au début du mois d’août. La référence prévoit que l’hiver sera mémorable : on grelottera, on claquera des dents et on déneigera — une saison pleine de neige, de pluie et de slush, doublée de températures froides record. En observant la boule de cristal de l’Almanach (qui a quand même 204 ans), j’ai vu que nous aurons droit à une bonne quantité de neige, particulièrement à la fin du mois de janvier. De plus, le premier mois de l’année 2023 sera froid — très froid, avec l’une des poussées arctiques les plus fortes qu’on a vues dans les dernières années. Ce froid, c’est froid comment? -40!
Après une neige abondante et un froid glacial, le mois de février devrait être ensoleillé, mais pas assez pour précipiter la fin de la saison. L’hiver devrait finir en lion en mars avec de bonnes tempêtes.
Les hiverno-sceptiques
Nous connaissons tous les pessimistes qui remâchent le discours sur la morosité de l’hiver, qui n’aiment pas les bourrasques des effets de lac, qui se plaignent des alertes au clipper et qui grincent comme une vieille courroie quand on prévoit un vortex polaire.
J’ai contacté Jane, qui tient une boutique de matériel de tricot dont nous tairons le nom. Jane m’a informé que les ventes augmentent avec la venue de l’automne. Cette année, elle a aussi noté une augmentation des ventes des pelotes de laine plus grosses. C’est sûrement là un signe que les tricots seront plus épais cette année! Jane m’a avoué qu’elle souhaitait un hiver doux et qu’elle n’aime pas particulièrement la motoneige — elle préfère les défis techniques du tricot!
J’ai ensuite communiqué avec Matt chez Desmasdons Boat Works à Pointe Au Baril, et même s’il est un motoneigiste, il préférerait que l’hiver ne soit pas trop rigoureux. Vous voyez, les hivers rudes ont une incidence sur le temps qu’on peut passer sur l’eau et sur l’infrastructure riveraine. Des températures négatives qui s’étirent et de bonnes quantités de neige peuvent endommager les quais et les rives.
Matt a dit espérer un ciel dégagé, des températures plus douces et des routes dégagées jusqu’en octobre, pour le Toronto International Snowmobile, ATV & Powersports Show, de retour en présentiel. C’est plus facile de déplacer les bateaux, comme ça! Il a conclu notre conversation en disant qu’une fois cet évènement passé, il attendra la neige et la glace avec impatience, pour passer le plus de temps possible sur sa motoneige.
Un explorateur parmi nous
Il n’y a probablement personne en Ontario qui a autant voyagé en arrière-pays que Backroads Bill Steer. En 2022, il a visité le centre géographique de l’Ontario ainsi que trois de ses extrêmes (une histoire à lire ici). Il a aussi dû abandonner une visite au point le plus au nord de l’Ontario, jusqu’à la baie d’Hudson et Fort Severn — rendez-vous reporté.
Je le rappelle d’une année à l’autre : Bill est le fondateur du Centre écologique canadien dans le parc provincial Samuel de Champlain (vous pouvez lire sur ce parc fantastique ici). Il est l’une des sources les plus crédibles que l’on puisse trouver, en matière de nature. Il a eu pour mentor feu Gord Restoule de la Première Nation Dokis.
Lorsque nous nous sommes assis au coin du feu pour jaser, fin septembre, Bill m’a avoué que le motoneigiste en moi ne serait pas très heureux d’entendre ses prévisions hivernales 2022-2023. En ajoutant une bûche au feu parfaitement structuré, il m’a expliqué qu’il prévoyait un hiver très doux, le plus doux qu’on ait connu depuis un bout. Bill prévoit qu’on n’aura pas autant de neige que souhaité, qu’elle arrivera tard, et qu’elle fondra tôt.
Il m’a ensuite présenté ses observations : il a vu peu de boue sur les huttes des castors, ce qui veut dire que les températures seront plus clémentes. De plus, les réserves des castors ne semblent pas aussi grosses qu’à l’habitude, ce qui signifie un hiver plus court. Bill a enchaîné en me disant qu’il a vu des centaines de grues du Canada dans les champs de Kearns (dans la Petite Zone argileuse, soit à Temiskaming Shores) qui ne semblaient pas très pressées de migrer. Même chose pour les outardes et les plongeons. Tout ça signifie que l’hiver n’est pas pressé de s’installer. Habituellement, à ce temps-ci de l’année, les ours s’empiffrent, mais ceux qu’il a vus n’avaient pas encore de réserves de graisse. Les chevreuils n’avaient pas bougé, mais c’était encore tôt dans la saison — lorsqu’ils bougent, une première bordée de neige s’en vient.
Curieux, je lui ai demandé de m’en dire plus. Mais que disent les arbres et les oiseaux, Bill?
Les feuillages d’automne sont apparus très lentement, cette année, ce qui veut dire que la saison s’étire, a-t-il répondu. Les geais bleus n’avaient pas été particulièrement animés, en septembre.
Un peu déconcerté par les observations de Bill, j’ai dirigé la conversation vers la neige en lui demandant quand elle tomberait et comment elle serait.
La neige sera mouilleuse, croit-il, pas tant par son observation de la nature que par les changements climatiques qu’il observe. Backroads Bill croit que nous aurons une ou deux bonnes tempêtes, mais les motoneigistes pourraient avoir à voyager vers le nord pour trouver les meilleures conditions.
LES RUBANS où NOUS voyageons
Avec la saison qui approche, il s’installe autour de la motoneige un climat positif, en Ontario. Des clubs membres de l’OFSC (la fédération de motoneige de l’Ontario) de toute la province se sont réunis en septembre pour planifier l’avenir de la motoneige et célébrer les efforts des bénévoles dans les clubs. La grande nouvelle de l’assemblée, c’est que le Fonds du patrimoine du Nord de l’Ontario injecte 834 904 $ pour améliorer les sentiers de l’OFSC, un financement qui facilitera la réalisation de plus de 10 projets dans le Nord e l’Ontario et qui aura forcément une incidence sur notre expérience dans les sentiers.
Les droits d’utilisation des sentiers en Ontario sont déjà en vente. Pour 2022-2023, les permis saisonniers et classiques sont un peu plus chers — avec une augmentation de 5 $ par permis — mais la hausse ne s’applique pas aux permis temporaires, pour quelques jours, et à ceux pour les évènements spéciaux. Je me permets de dire que l’augmentation est moins importante que je ne l’aurais cru, et je crois indéniablement que les droits d’accès aux sentiers de l’Ontario sont d’un rapport qualité-prix favorable. Merci d’acheter votre permis et de soutenir votre club et les sentiers.
Une CélébraTION de l’hiver
Le Toronto International Snowmobile Show, qui se déroule en octobre, marque généralement le début de la saison de motoneige. Ce salon est la première célébration de la saison, il crinque vraiment tout le monde! C’est aussi un excellent forum pour voir sous un même toit tout ce qui se rapporte à la motoneige. C’est même l’occasion de planifier, d’acheter, de toucher, de sentir, d’entendre et même de humer la motoneige. Pour moi comme pour de nombreux motoneigistes, ce salon est une occasion en or de se retrouver et de s’encourager — l’hiver à venir est le meilleur qu’on peut imaginer. Après deux ans de pause, c’est bon de se retrouver!
La prévision
Un début tardif
Je sais que vous avez tous hâte d’écraser l’accélérateur, cependant, les signes nous indiquent qu’il faudra attendre à la fin décembre ou au début janvier pour avoir des conditions de motoneige dignes de ce nom. En rassemblant toutes les infos — celles de La Niña, du conseil des pros et de Backroads Bill — on peut conclure qu’il faudra patienter avant de vraiment vivre l’hiver. Mais quand il se sera installé — selon l’Almanach — nous connaîtrons vraiment un bon vieil hiver canadien. Ce départ tardif aura de super résultats pour le sud de l’Ontario, et dirigera plusieurs grosses tempêtes d’effet de lac vers des zones clés. La portion nord de la province restera sur sa faim, ce qui permettra au sol de bien geler.
Les sceptiques seront confondus
Même si Jane profite de l’hiver et si Matt préfère des débuts d’hiver doux, tout semble indiquer que le mois de janvier sera le plus enneigé et le plus froid qu’on ait connu depuis un bon bout de temps. Il semble que La Niña étirera son séjour, le Weatherman Plus prédit de nombreuses grosses tempêtes et l’Almanach écrit clairement que l’hiver 2022-2023 en sera un où l’on grelottera, claquera des dents et déneigera. Je prédis qu’une fois que le bonhomme hiver s’installera, il multipliera les coups. Selon l’Almanach, l’hiver 2023 sortira en lion, en mars, avec de bonnes tempêtes — un bon signe pour la motoneige en avril, dans les sentiers les plus au nord.
Les prévisions de la nature ou celles de la culture?
Il y a un monde entre les prévisions de Backroads Bill et celles de l’Almanach des fermiers. C’est un peu le choc entre les sources issues de la nature et celles de la science. L’Almanach compte plus de 200 ans d’expérience, tandis que Bill profite des connaissances transmises depuis des milliers d’années et de kilomètres. Comme nous l’avons vu plus tôt, Bill a voulu toucher le point le plus au nord de l’Ontario au début d’octobre, et une tempête l’a arrêté. Même si ça a été tout un défi pour lui, il persiste et signe : l’hiver ne sera pas super pour les motoneigistes.
En gardant tout cela à l’esprit, peut-être que la différence entre ces deux sources «nature» se traduit en espèce de compromis, un entre-deux. Bien sûr, la latitude pourrait déterminer à quel point l’équilibre neige-pluie sera favorable à votre hiver de motoneige ou pas.
La RÉVOLUTION FINALE
L’hiver qui s’en vient suscite beaucoup d’enthousiasme. La communauté de motoneigistes est connaît un sommet d’optimiste, comme on a connu depuis longtemps. Vous savez, ces ondes positives apportent de bonnes choses, et les bonnes choses viennent à qui sait attendre. Nous avons attendu très longtemps pour ouvrir nos portes et accueillir le monde, ce sera le temps de le faire à bras ouverts!
L’Ontario et le Nord de l’Ontario ont des sentiers de motoneige parmi les meilleurs au monde grâce à l’OFSC et aux communautés et entreprises sympathiques à la motoneige. Rappelez-vous que le Nord de l’Ontario et la motoneige sont un endroit et un sport généreux. Alors, restons positifs. Après tout, s’il y a une chose dont on peut être sûr dans le Nord de l’Ontario, c’est qu’il y a toujours un hiver.
Au plaisir de vous croiser dans les sentiers!