Les mystères de la culture et de la récolte du riz sauvage

La zizanie, la véritable céréale canadienne

Quand on parle de «céréales canadiennes», on pense automatiquement au blé de l’Ouest canadien. Mais saviez-vous que la seule céréale authentiquement canadienne est le riz sauvage? Un aliment que les autochtones du nord de l’Ontario continuent de récolter comme le faisaient leurs ancêtres, il y a des millénaires.

LA céréale canadienne

Contrairement à ce que son nom laisse croire, le riz sauvage n’est pas l’ancêtre «sauvage» du bon vieux riz blanc ou brun. Les deux espèces sont apparentées, mais complètement distinctes. Le riz sauvage est une plante aquatique qu’on appelle aussi «zizanie» ou «folle avoine». C’est la seule céréale qui poussait naturellement en sol canadien avant que les humains y introduisent le blé, le maïs et les autres grains. 

Le riz sauvage colonise les eaux tranquilles et peu profondes des marais, des lacs et des rivières. C’était un des aliments essentiels à la survie de nombreux autochtones, particulièrement dans la région des Grands Lacs. À tel point que des tribus ont déjà fait la guerre pour le contrôle de certaines zones particulièrement productives.

Du canot à l’aéroglisseur

Traditionnellement, les autochtones récoltaient le riz sauvage à bord de leurs canots. Pendant qu’un pagayeur faisait lentement avancer l’embarcation, un «moissonneur» utilisait deux longs bâtons pour pencher les longues tiges de riz au-dessus du canot et frapper doucement les épis contenant les grains pour les faire tomber dans la coque.

De nos jours, dans le nord-ouest de l’Ontario, des Autochtones continuent de faire cette cueillette... mais en utilisant des aéroglisseurs!

À Dryden, à mi-chemin entre Winnipeg et Thunder Bay, les Ojibwés du lac Wabigoon cueillent et commercialisent le riz sauvage par l’entremise de la coopérative Kagiwiosa Manomin. Manomin est le nom ojibwé du riz sauvage. On peut voir sur le site web de la coopérative une vidéo montrant comment on procède à la cueillette en canot et en aéroglisseur.

Bien sûr, l’aéroglisseur accélère considérablement la récolte. On installe à l’avant de l’embarcation un large panier métallique et on navigue à travers les champs de riz. Se détachant de la tige de la plante au moindre choc, les épis mûrs atterrissent tout simplement dans le panier. C’est assez spectaculaire comme récolte, car l’aéroglisseur doit se déplacer à environ 20 kilomètres à l’heure.

La cueillette a lieu en septembre, quand les grains arrivent à maturité. Il faut moissonner plusieurs fois au même endroit puisque tous les épis ne mûrissent pas au même moment.

Depuis les années 50, le riz sauvage est cultivé comme n’importe quelle autre céréale, dans des rizières spécialement aménagées, principalement aux États-Unis. Mais porté par l’engouement actuel pour les aliments naturels et la nourriture organique, le «riz sauvage vraiment sauvage» trouve sa niche sur le marché. On dit qu’il est bien plus savoureux et tendre que le riz sauvage cultivé en rizière et récolté à la moissonneuse-batteuse.

Heureusement, on n’est pas obligé de se rendre à Dryden pour goûter le riz sauvage. On peut s’en procurer chez Superior Seasons, à Thunder Bay (avec une boutique en ligne), et dans des boutiques de Winnipeg et de Toronto. Les détails au 807 938-6927. Sachez aussi que des voisins (et compétiteurs), Foraged North, vendent aussi du riz sauvage et des thés.

À propos de Barclay Fortin

Barclay Fortin a appris à faire du ski de fond à Baie-Comeau, sa ville natale. Il a appris à écrire en travaillant comme journaliste à scénariste à Montréal. Et depuis 2003, il court les centres du ski de fond du Québec et de l’Ontario pour alimenter Ski Glisse, un blogue où il raconte ses randonnées hivernales. 

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