Born to Hunt : les Franco-Ontariens de l'Est rencontrent ceux du Nord

L’émission Born to Hunt devait tourner en Afrique du Sud en juin 2020. La pandémie a redirigé l’équipe vers Moonbeam, en Ontario. Expérience concluante!

«Ce n’est pas 22 minutes qu’on dédie au nord de l’Ontario, lance Martin Marion. C’est un long métrage de 90 minutes, ou trois émissions. Il y a trop de choses dans le Nord.» 

NorddelOntario.ca a jasé avec Martin Marion avant la diffusion de l’émission, alors qu’il jonglait entre ses quarts de travail, l’école en ligne à la maison, la marche du chien et la préparation de la saison 2022 de Born to Hunt.

L’aventure Born to Hunt a commencé autour d’un feu de camp pendant une chasse à l’orignal dans un camp pas loin du parc Algonquin. Photo soumise par Martin Marion

C’est la pandémie qui vous a dirigé vers le Nord. vous deviez TOURNER en Afrique.

Ce n’était pas possible d’aller filmer deux semaines sur un autre continent, en Afrique du Sud. Pas avec la COVID, pas avec nos jobs dans le public. Il fallait trouver quelque chose qui rentrait dans le bloc de vacances qu’on avait pris.

Ça a commencé avec une conversation autour d’un feu de camp. La chasse à l’ours tombait dans le bon temps. En jasant tout bonnement avec mon voisin (un franco du Nord), il m’a dit qu’il ferait 2-3 coups de fil. 

Tout est tombé en place rapidement. 

Avant d’arriver, les gens du Nord se sont offerts pour aller visiter les sites, mettre des cartes pour les caméras et s’assurer que les sites sont actifs. Ils nous ont offert des lieux d’hébergement.

Les gens du coin se sont proposés pour veiller aux sites de chasse. Photo : Martin Marion

Le séjour s’est bien déroulé? 

On m’a dit que quand j’arriverais à Moonbeam, je devrais tourner à droite à la soucoupe volante! On avait fait un peu de recherche pour comprendre de quoi on nous parlait. On a trouvé ça cool, l’histoire derrière tout ça. 

Stéphane Meilleur, le propriétaire du dépanneur, m’attendait. Ça a pris quelques secondes et il est devenu comme un grand chum que je connaissais depuis 10 ans. C’était comme si j’étais chez nous.

À la chasse, quand Stéphane nous a vus sortir nos barils et nos techniques de Franco-Ontariens de l’Est, il nous a dit en riant : «Vous êtes malades! Savez-vous combien il y a d’ours, ici?» On avait des barils, du blé d’Inde, du maïs, de la mélasse, des morceaux de castor. Stéphane m’a dit qu’il empâte à petite portion. Je trouvais ça drôle, nos techniques de chasse varient. 

Le fils de Martin Marion a récolté son premier ours en juin 2020 à Moonbeam. Photo : Martin Marion (un père fier!)

Tu es un gars QUI BOUGE, un chasseur qui se déplace BEAUCOUP. COMMENT AS-TU TROUVÉ LE NORD?

Quand on est arrivés dans le Nord de l’Ontario, ce que j’ai trouvé qui est vraiment hors pair, c’est que les gens sont comme on était dans l’Est, il y a 30 ans. 

Je m’explique : je viens d’une ferme laitière. Tout le monde se connaissait autour. Les clés étaient dans le pick-up. Quand tu avais besoin du truck, la porte était débarrée. Si tu voulais venir passer un dimanche chez nous, tu pouvais.

Cette bonne qualité, on l’a perdue dans notre région parce qu’on est près d’une grande ville et que la ville s’approche de nous. On n’a pas le choix de courir à 100 milles à l’heure. 

Dans le Nord, le monde prend le temps de te parler. Les gens sont accueillants, ils trouvent des solutions. Il n’y a pas de stress. Cette belle attitude et qualité que les Franco-Ontariens ont, ils l’ont gardée. C’est évident et fort. Ça fait partie de leur nature. Tout le monde, tout le monde est comme ça. L’entraide passe avant tout. J’ai trouvé ça fantastique. 

Juste derrière la soucoupe, c’est le bon dépanneur du coin où les gens se saluent et se connaissent. «Chaque fois qu’on sortait du bois, les enfants voulaient aller chercher une crème glacée», la meilleure du coin!

Le séjour a été reposant?

Quand tu t’assois sur le bord du feu de camp, la pureté de l’air, les étoiles, le fait qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui habitent autour, ça ne donne pas le même son, le même air, la même ambiance. Ça ne se compare pas. Tu respires mieux. Si tu as vraiment besoin de libérer du stress, tu prends tes valises et tu vas passer une semaine dans le Nord, ça va vraiment t’aider. 

Je suis parti pour Moonbeam avec mon frère qui venait de vivre une semaine de travail assez rough. Quand on s’est assis autour d’un feu de camp et qu’on a regardé les étoiles, disons que ça a libéré beaucoup de la charge qu’on avait sur les épaules. 

Je n’avais jamais respiré l’air de Fauquier, de Kap et de Moonbeam. Wow. Ça m’a pris comme un coup de vent. Je ne m’attendais pas à ça. 

Même le gibier n’a pas le même comportement que celui qu’on chasse dans l’Est. C’est drôle, mais c’est la réalité. Dans le Nord, les animaux sont plus calmes, ils sont moins effrayés. La différence à cause de leur environnement, ça se voit. 

Souvent, les gens avec qui on chasse nous disent qu’on chasse comme des gars de ville : l’anti-scent, les sprays, les vêtements nettoyés sans arrêt, çi, ça. Ils nous disent : «Vous vous méfiez du vent. Venez donc juste chasser.» Sans s’énerver avec rien.

«On a parké notre pick-up pour manger un sandwich sur la tail gate (on n’arrêtait pas aux restaurants à cause des restrictions). Un pick-up a fait demi-tour. Le gars se parke devant nous et sort : “Aye, les boys, j’écoute toutes vos émissions!” Les gens ont commencé à s’approcher et à venir nous parler. C’était vraiment spécial.» Photo : Martin Marion

Ça concorde avec l’image que vous aviez du Nord?

Je n’avais pas d’image. Est-ce que c’est plate de ma part? (rires) On ne prend pas le temps de visiter ce qui est proche de chez nous. On veut aller à Paris. Mais il y a de belles places pas si loin que ça, qui coûtent le quart du prix et où tu vas vivre un voyage que tu n’oublieras jamais. 

Quand on est parti dans le Nord, on n’avait jamais été plus loin qu’à 4 heures de chez nous — à Mattawa. Plus on avançait, plus on voyait le charme de chaque village, un avec un gros doré, un avec un gros ours plaire. Chaque fois, je voulais arrêter prendre une photo. J’aurais aimé ça passer du temps à chaque place.

Mais IL Y AVAIT la COVID… 

Oui.

Quand on fait une destination, il y a toujours un moment de tristesse quand on part. On apprend plein de choses à propos des gens avec qui on passe la semaine, mais là, il y avait ce mozus de bloc-là. Mais on a été capable de vivre ce moment-là quand même. 

Ça a parti d’une histoire de feu de camp. C’est devenu une histoire de Francos dans le Nord qui se tiennent main dans la main. Ils ont embarqué à 100 milles à l’heure. On aurait pu dire qu’ils venaient tous d’Embrun, de notre région, mais ils sont à 10 heures de chez nous. C’était comme mes frères et sœurs. On est pure laine et on a retrouvé des gens pareils comme nous, dans le Nord. 

L’esprit de famille! Photo : Martin Marion

Pour vous, la chasse (et Born to Hunt), c’est une aventure humaine.

La chasse, c’est pas revenir avec un chevreuil sur le «top du hood» comme on voyait dans le temps. C’est l’aventure, l’expérience, les histoires à conter le soir autour de la table. J’aimerais que Born to Hunt donne le goût aux gens qui n’ont jamais chassé de vivre ça.

Retournerez-vous dans le Nord? 

L’Ontario demeure une destination de choix, mais aussi une priorité. On veut aller dans le Nord une ou deux fois par année pendant nos saisons de tournage. Mon but ultime, c’est de faire un long métrage en 2022-2023 dans le Nord. 

Le Nord c’est un petit trésor peu exploité. Peu importe l’aventure que tu veux vivre, tu peux la vivre dans le Nord — pêche, chasse, quad, motoneige. Tout ça avec un budget très abordable. Les gens doivent y aller. Il faut que les gens découvrent qui vous êtes. 

**

C’est autour d’un feu de camp qu’est né Born to Hunt. C’est autour d’un feu de camp qu’est née l’idée de remplacer le tournage en Afrique par un tournage dans le Nord de l’Ontario. Et c’est autour d’un feu de camp que s’est savourée l’aventure avec, en prime, un ciel étoilé comme on en voit juste dans le Nord de l’Ontario.

Les épisodes de Born to Hunt tournés à Mattawa et Moonbeam sont disponibles sur illico.

À propos de Andréanne Joly

Andréanne Joly aime explorer, fouiller et faire découvrir la francophonie de l'Ontario et ses espaces touristiques. Elle le fait depuis près de 25 ans et le ferait encore 100 ans! Par leur richesse, leur beauté et leur diversité, les destinations ontariennes ne cessent de l'épater.

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