C’est le temps de faire le Sault!
En temps normal, ceux qui pensent explorer la région de Sault Ste. Marie à la dernière minute peinent à trouver une place dans ses hôtels et terrains de camping. La compétition avec les touristes américains alléchés par le taux d’échange est féroce. En temps normal.
Or, les frontières canadiennes étant fermées [NDLR : elles sont rouvertes], on trouve amplement d’hébergement dans les divers hôtels et motels de la ville de 75 000 habitants. C’est le temps d’y aller!
Road trip!
Si l’on planifie bien son départ de Toronto pour éviter le trafic jusqu’à Barrie, on en a pour une heure de route en terrain connu.
Les trois heures suivantes, on se rapprochera progressivement des tronçons de l’autoroute 69 taillés à même le roc strié. De plus en plus spectaculaires dans les 100 km avant Sudbury, ils sont vraiment fascinants pour les géologues en herbe!
Au-delà de Sudbury, là où l’on embarque sur la route transcanadienne (Hwy 17), on change de rythme. Les limites de vitesse alternent entre 90 km et 70 km. On mettra 3 heures et demie à couvrir 300 km jusqu’à Sault Ste. Marie. Un bon moment pour se rappeler que le voyage est au moins aussi important que la destination!
Vu le long de la route : des messages bibliques, une jument courant avec son poulain, une Chevrolet Bel Air noire 1956 à vendre, un âne albinos, des chalets figés dans les années 50, un nez rouge sur une affiche de passage de chevreuil… Et les frites du Lucky Snack Bar, dans Spanish (à deux heures de Sault Ste. Marie). Bref, ce dont sont faits les bons «road trips».
Le «Soo»
Un des grands attraits de Sault Ste. Marie (que plusieurs appellent le «Soo», prononcé «sou») est que pour s’y rendre, on côtoie le lac Huron et que, juste après la ville, nous attend le lac Supérieur. On parle ici respectivement des 4e et 2e plus grandes surfaces d’eau douce au monde!
Autre fait intéressant, Sault Ste. Marie fait face à sa jumelle, de l’autre côté de la rivière Ste. Marie. Du beau boardwalk de la ville on distingue les drapeaux américains sur les édifices de Sault Ste. Marie, Michigan. Un pont international de 4,5 km relie les deux villes depuis 1962. La rivière comprend 5 écluses (dont une du côté canadien) qui permettent la navigation entre les deux Grands Lacs.
Logistique en temps de pandémie
La municipalité de Sault Ste. Marie prend les mesures sécuritaires très au sérieux. Depuis le 17 juillet 2020, le port du masque y est obligatoire à l’intérieur.
La ville s’étale sur 14 km d’est en ouest. Les hôtels sont plus près de la rivière et l’on trouve la majorité des motels à son entrée et à sa sortie (où le Catalina Motel nous a semblé particulièrement sympathique). Notez qu’en temps de COVID-19, il n’y a pas grande différence entre un hôtel sans terrasse et un motel. Dans les deux cas, vous voudrez commander vos repas à l’extérieur.
Où qu’on soit dans le Soo, on n’est jamais loin d’un Tim Hortons, mais on trouve également un Starbucks dans la ville et nous nous sommes régalées au Breakfast Pig (265 Bruce St), servant à leur terrasse d’excellents œufs bénédictins (ainsi que des salades originales et des burgers). On s’est laissé dire que plusieurs établissements de la ville font de l’excellente pizza, un bon take-out à déguster sur le bord de l’eau!
Sur la grande terrasse de l’hôtel Delta (208 St Mary’s River Dr), le Fluid Boardwalk Patio a vue sur la rivière. Il est ouvert au grand public, de 11 h 30 à 21 h. Nous y avons mangé des sandwichs délectables sous le regard envieux des goélands. Non loin de là, la terrasse du Montana’s (89 Foster Dr,) fait aussi face à l’eau et reste ouverte jusqu’à 23 h.
Sault Ste. Marie est un excellent point d’ancrage pour explorer les beautés de la région, considérant la profusion d’attractions accessibles à moins d’une heure de route sur le Hwy 17.
On tente l’expérience?
Les terrains de camping ont connu une réouverture progressive depuis le 22 juin. On croise d’ailleurs plusieurs parcs provinciaux avec terrains de camping entre Harmony Beach (à une demi-heure seulement de Soo) et Agawa Bay (1 heure plus loin) : Batchawana Bay, Pancake Bay (avec 3 km de plage) et Agawa Bay Campground. Ce dernier est à 10 min des Agawa Rock Pictographs, où l’on peut voir des parois peintes par les premiers Ojibwés de cette région il y a peut-être 400 ans.
Deux autres options d’hébergement que nous avons remarquées dans le coin : le Sunset Shores Resort (avec tentes et petits chalets sur le bord du lac Supérieur), à 45 min de Soo, et le drôle et kitsch ChickenShack Motel situé 10 minutes plus loin, là où une pancarte nous avisait que la prochaine station d’essence se trouverait à 150 km.
Lors de notre petite sortie d’après-midi, nous avons pu goûter aux plaisirs de la baignade dans les vagues de Harmony Beach (l’eau était plus chaude que j’anticipais) et celui de la détente aux abords des magnifiques chutes de Chippewa (10 min plus loin). On y a vu un petit banc et un chevalet en bronze érigés en l’honneur du Groupe des sept. Le sentier qui remonte la rivière donne plusieurs accès aux bancs de rocs près des puissantes cascades. De toute beauté!
Ceux qui partent tôt le matin de Sault Ste. Marie pourront facilement pousser leur exploration jusqu’aux Agawa Rock Pictographs, à 1 heure 40 de route, et revenir tranquillement en se baignant dans les baies et en arrêtant à tous les belvédères pour admirer le lac Supérieur le long du Hwy 17.
À une heure d’Agawa Rock, il y a Wawa, petite ville minière de 3000 habitants avec plusieurs options d’hébergement, qui pourrait servir de tremplin vers les autres beautés naturelles de la région.
Nos coups de cœur sur le chemin du retour
Toujours dans l’esprit «road trip», en quittant Sault-Ste. Marie, nous avons fait un crochet de 2 km à Echo Bay pour voir le «loonie» géant, fait par un natif de la place, créateur du fameux dollar canadien de 1987.
Nous avons stoppé à la rigolade à Bruce Mines pour voir de près le Bavarian Motel et découvert de l’autre côté de la rue le beau Old Bank Antiques Market, voisin du joli Copper Bean Café (aux heures réduites en temps de pandémie).
Nous avons remarqué le Carolyn Beach Inn & Restaurant, où l’on aurait pu manger une pizza sur leur terrasse au bord de lac Huron, et nous avons fait un autre petit crochet sur la 17B vers Thessalon, tout à fait charmant, incluant une plage publique. Note mentale pour ceux qui aimeraient faire une pause-baignade.
Nous avons croisé des motels avec beaucoup de caractère tels le classique Red Top Motor Inn à Iron Bridge, et le Mohawk Motel à Massey, arborant de belles murales et exposant des sculptures funky.
Nous avons compris que depuis Espanola, on aurait pu emprunter l’autoroute 6 et se rendre en une heure et demie au cœur de l’île Manitoulin, sans prendre de ferry!
Nous avons été séduites par le pont destiné aux animaux, passant au-dessus de l’autoroute 69, à 50 km au sud de Sudbury. Orné de dessins d’animaux, c’est le premier du genre en Ontario. Il a déjà sauvé la vie de milliers d’animaux, incluant des orignaux! Il est visible sur Google Satellite, au nord de la sortie pour l’autoroute 637.
Finalement, nous avons été subjuguées par un grand motel abandonné sur l’autoroute 69, à 90 km au sud de Sudbury. (Il arbore deux grands Lovebots, création d’un artiste torontois!) Les amateurs de photos «urban ex» s’y donneront à cœur joie. On peut le voir sur Google Satellite, entre Forest Access Rd et Still River.
En automne, ce sera sûrement spectaculaire! (Pour savoir où l’on en est, consultez le rapport des couleurs d'automne de Parcs Ontario.)