La maison des quintuplées Dionne

Visitez leur maison natale à North Bay

Le musée des quintuplées Dionne se dresse aujourd’hui fièrement sur le front d’eau du lac Nipissing, en plein secteur touristique de North Bay.

La petite maison a longtemps été bien en vue à l’intersection des routes 11 et 17, à North Bay. Aujourd’hui, on y trouve plutôt une station-service et un hôtel. Après une chaude lutte, un groupe de bénévole a réussi à sauvegarder la maison et à la faire déménager près du musée d’histoire locale, @Discovery North Bay.  

La maison Dionne sur le front d’eau du lac Nipissing, à North Bay. Photo : Éric Boutilier, Le Voyageur

Mais le cœur touristique de North Bay a déjà été ailleurs, et justement, à cause de la naissance de ces quintuplées.

Dès leur naissance le 28 mai 1934, Annette, Cécile, Yvonne, Émilie et Marie Dionne deviennent rapidement la nouvelle attraction du pays. Au cours de leurs 10 premières années de vie, ces bébés miracles attirent 3 millions de visiteurs à Corbeil, près de North Bay. Aujourd’hui encore, elles demeurent les seules quintuplées à avoir atteint l’âge adulte.

Les quintuplées Dionne et leur mère, 28 mai 1934. Photo : Bibliothèque et Archives Canada/PA-133260

Pour mettre en contexte le caractère exceptionnel d’une naissance naturelle de quintuplés, on en estime les probabilités à une sur 55 millions... et pour ce qui est de quintuplés identiques, c’est si rare que c’est difficile à quantifier.

Une lueur d’espoir en temps morose

Leur parcours n’en fut pas plus rose. À leur naissance, les quintuplées Dionne deviennent pupilles de l’État, c’est-à-dire qu’elles sont retirées de leur famille de crainte qu’elles ne soient exploitées. Elles sont confiées à la Province de l’Ontario, sous la supervision du Dr Dafoe.

Les quintuplées Dionne (Yvonne, Émilie, Cécile, Annette et Marie), vers 1940, avec le Dr Allan Roy Dafoe qui leur a donné naissance. Photo : N.E.A. Service Inc./Bibliothèque et Archives Canada/PA-026034. Prenons la liberté d’ajouter la présence de sages-femmes à l’accouchement…

Lors de cette période, elles habitent en permanence dans un hôpital aménagé pour elles. Quintland comporte des galeries d’observation et des kiosques à souvenirs pour les touristes qui se déplacent par milliers pour observer les fillettes. En fait, Quintland est le premier parc thématique du Canada (à la Ripley’s) et, à l’apogée de sa popularité, il était bien plus couru que les chutes Niagara. En pleine Dépression, les quintuplées Dionne étaient symbole d’espoir. En dépit des difficultés, plus de trois millions de visiteurs se sont rendus dans la région pour voir les fillettes, générant 500 millions de dollars en revenu, empochés par la Province. 

Les visiteurs chez les quintuplées Dionne à Callander, en 1938. Cette image fait partie d’une série de 10 photos miniatures vendues comme souvenir. Photo : Bibliothèque et Archives Canada, R8292-2

Un Musée pour se souvenir

En 1985, la maison où elles sont nées a été convertie en musée. On y trouve alors (et encore) une myriade d’objets et de souvenirs de leur vie fascinante et controversée.

En 2015, la chambre de commerce locale a décidé de fermer les portes du petit musée. La communauté a dès lors travaillé sans relâche our sauvegarder ce monument. En 2018, grâce aux efforts des Amis de la maison et du musée des quintuplées Dionne, la maison est déménagée sur le front d’eau. 

Lors du dévoilement, Annette Dionne a tenu à prendre une photo avec des enfants pour rappeler le traitement que leur avait réservé la Province de l’Ontario. Il faut assurer que les petits aient une belle jeunesse remplie de bons souvenirs, estime-t-elle. Photo : Éric Boutilier, journal Le Voyageur

Lors de l’ouverture en 2019, alors qu’elles avaient 85 ans, Annette et Cécile Dionne se sont dites soulagées de voir leur maison d’enfance préservée. À leurs yeux, cette petite résidence de campagne rappelle l’importance de ne pas négliger les enfants et de s’assurer qu’ils vivent une belle jeunesse dans laquelle sont créés de bons souvenirs.

L’univers de Quintland. L’édifice a été démoli le 4 mai 2021. Photo : Canada Dept. of Mines and Technical Surveys / Bibliothèque et Archives Canada, PA-017698

Une page d’histoire

Pour les jumelles comme pour l’Ontario français, la maison-musée revêt un symbole fort, une page importante de l’histoire de l’Ontario français. Leurs parents, deux Canadiens français, ont dû se battre bec et ongles pour qu’elles obtiennent une éducation catholique en français. La mobilisation de la communauté a fait avancer le dossier de l’éducation en français en Ontario, entaché par le Règlement 17 qui empêchait l’instruction publique dans la langue du curé Labelle.

Pour cette raison, mais surtout pour toute l’attention qu’ont attirée les quintuplées, leur naissance a été reconnue par le gouvernement fédéral comme un évènement marquant dans l’histoire du Canada. En 2018, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada a dévoilé une plaque commémorative en leur honneur à North Bay. Près de 1000 personnes — dont Annette Dionne — se sont rassemblées sur le front d’eau au centre-ville pour rendre hommage aux jumelles.

Annette Dionne au dévoilement de la plaque soulignant sa naissance et celle de ses quatre sœurs. Photo : Éric Boutilier, journal Le Voyageur

Aujourd’hui à deux pas du musée @Discovery North Bay, une ancienne gare, la maison-musée de la famille Dionne est juste devant le lac Nipissing. Le front d’eau de North Bay est d’ailleurs l’une des plus belles attractions de la ville. C’est l’endroit idéal pour se détendre, faire des promenades, partager un bon pique-nique et faire de la pêche. Et de se souvenir de l’histoire incroyable des jumelles Dionne.

Ouvert les fins de semaine dès la mi-juin jusqu’au début octobre. Certaines activités de financement ont lieu pendant l’année. Renseignements : 705-476-2323 ou site web du Musée.

À propos de Priscilla Pilon

Journaliste indépendante et coordonnatrice des communications et du développement au Théâtre du Nouvel-Ontario, Priscilla Pilon a longtemps été une globetrotteuse qui s'est toujours gardée bien ancrée dans la francophonie nord-ontarienne, soit dans ses racines. Passionnée de voyages, de nature et de photographie, elle adore explorer et partager ses aventures d’ici et d’ailleurs. Côté artistique, elle est l'esprit derrière Macramoé du Nord.

Tous les articles

Tarte au sucre, tartelette au beurre

Quelle est la différence ?

Festivals francos en Ontario : un calendrier

La saison des festivals n'est pas terminée! (Elle ne l'est jamais!)

S. Firmin Monestime, premier maire noir élu au Canada, à Mattawa

Il était chic et bon vivant; Noir et francophone.

Le beau grand concours de rédaction

du beau grand Nord de l'Ontario

Les fameuses bottes de Dubreuil

L'histoire derrière le symbole nord-ontarien

Jocelyne Saucier : le train du Nord

À la découverte de Timmins, Swastika et Cobalt

Quoi faire à Hearst

Le langage coloré des Franco-Ontariens

Expressions franco-ontariennes à connaître

Sur la piste de l'arc-en-ciel : festivals de la fierté

Calendrier 2024 pour le Nord de l'Ontario

Le Nouveau Louvre, une tradition

Une expo à voir du 18 novembre au 8 janvier!

L'Ontario de Katherine Levac

C'est cool. Check it out!

Un saut dans le futur

Un stationnement devient la Place des Arts

Le joyau caché de l'est de la baie Georgienne

La petite séduction dans le Nord ontarien

Pourvoirie Saenchiur Flechey

pour l'accueil et la pêche

Équipez-vous à Sudbury

Un guide des magasins de plein air de Sudbury

Plaisirs d’automne à Sudbury

Il y a du jazz dans l’air! C’est la 8e édition annuelle du festival Jazz Sudbury

Liste d’écoute des 10 meilleurs succès de l’été à Sudbury

31 années de plaisirs aux bleuets!