Sur les traces de Norval Morrisseau

Bienvenue dans le berceau de l’art autochtone contemporain au Canada.

Si vous êtes de passage à Thunder Bay, dans le Nord-Ouest ontarien, et que vous êtes amateur d’art visuel, sachez que vous vous trouvez au sein du berceau de l’art autochtone contemporain au Canada.

Le plus célèbre des artistes autochtones, Norval Morrisseau, celui qui a instauré le style pictographique Woodland et a pavé la voie à des générations d’artistes autochtones y a vécu une grande partie de sa vie.

Surnommé le Picasso du Nord, Norval Morrisseau (1932-2007) figure sans conteste parmi les plus grands artistes canadiens de tous les temps. Né dans la réserve Sand Point à Beardmore, près de Thunder Bay, le talent de l’artiste anishinaabe (ojibwée) sera révélé dans les années 1960 par l’anthropologue Selwyn Dewdney et ses œuvres diffusées grâce au marchand d’art Jack Pollock. Norval Morrisseau sera le premier artiste autochtone à percer dans le monde très fermé des arts visuels.

Morrisseau

Le style distinctif de l’artiste autodidacte se caractérise à travers les légendes anishinaabe et des univers spirituels peuplés de figures animales et humaines représentées en couleurs vives et contournées de noir. Ayant été élevé par son grand-père chaman et sa grand-mère catholique, la dualité des deux croyances, de même que les tensions politiques et sociales entre Blancs et autochtones ont été des facteurs déterminants qui ont influencé son art. Les sources d’inspiration qui ont marqué son travail étaient multiples, allant des pétroglyphes, ces dessins sur rochers que l’on retrouve dans la région des Grands Lacs, à ses rêves, visions et expériences spirituelles et mystiques (il deviendra chaman plus tard dans sa vie).

Dans les années 1970, Norval Morrisseau a cofondé l’Association professionnelle des artistes autochtones qu’on surnommera à tort le Groupe indien des sept, avec des artistes comme les Nord-Ontariens Daphne Odjig et Carl Ray, ainsi que d’autres venus d’ailleurs au Canada, soit Alex Janvier, Jackson Beardy et Eddy Cobiness de même que Joseph Sanchez, originaire du Nouveau-Mexique. Les œuvres de Morrisseau ainsi que celles de ses contemporains ont été acclamées tant au Canada qu’à travers le monde.

Après une longue carrière qui s’est étendue sur plus de 45 ans, et une vie souvent tumultueuse, l’artiste qui répondait aussi au nom de Copper Thunderbird (Oiseau de feu de cuivre) s’éteint en 2007 à la suite de complications liées à la maladie de Parkinson.

Père de sept enfants, plusieurs d’entre eux suivront dans ses traces, tout comme une foule d’autres artistes des Premières Nations, influencés par ce grand maître de l’art autochtone.

Où voir les œuvres autochtones à Thunder Bay

La Galerie d’art de Thunder Bay compte dans sa collection permanente de plus de 1600 œuvres, majoritairement autochtones, un nombre substantiel de pièces créées par Norval Morrisseau. On y trouve également des œuvres de ses contemporains, dont Daphne Odjig et Alex Janvier ainsi que plusieurs artistes de la deuxième génération des artistes autochtones, particulièrement ceux qui peignent dans le style du mouvement Woodland.

Située sur la rue James, non loin du pont qui enjambe la rivière Kaministiquia à Thunder Bay se trouve la galerie Ahnisnabae Art Gallery. Autrefois le studio du peintre ojibwé, Roy Thomas, ce lieu de création a été transformé en galerie par sa veuve Louise, après le décès de l’artiste en 2004. Mme Thomas perpétue ainsi la mémoire et les œuvres de son mari dont l’art jouit d’une renommée internationale. «Roy était considéré comme le premier de la deuxième génération du mouvement Woodland», dit Louise Thomas avec fierté.

C’est dans la plus pure tradition ojibwée que Roy Thomas peignait en s’inspirant du monde des esprits, des animaux et des éléments de vie soit la terre, l’eau l’air et le feu.

Le caractère spirituel de ses œuvres, notamment sa toile Relatives, met en lumière les esprits de la vie et l’interdépendance des êtres humains entre eux ainsi qu’avec la nature. Roy disait toujours : Nous sommes tous dans le même bateau, peu importe nos origines; chacun dépend de l’autre pour lui fournir ce dont il a besoin», dit Louise Thomas.

Mme Thomas signale aussi que ses deux fils l’épaulent dans l’entreprise, particulièrement Randy, un artiste émergent qui suit les traces de son père. Randy Thomas a d’ailleurs été commissionné pour produire une série d’illustrations qui ont été gravées au laser dans le Cercle de célébration dans le jardin de l’esprit, une structure architecturale du Prince Albert Landing, le développement riverain à Thunder Bay.

Par ailleurs, la galerie Ahnisnabae exhibe et vend les œuvres de plus de 300 artistes autochtones, dont la grande majorité proviennent du nord-ouest de l’Ontario. L’endroit est non seulement un lieu de diffusion pour les artistes des Premières Nations, mais un carrefour de rencontres et de partages artistiques.

À la galerie Lake Superior Art Gallery‬‬‬ située dans le centre Victoriaville à Thunder Bay, on se spécialise en art local. Les œuvres d’une quinzaine d’artistes autochtones de la région y sont exposées et vendues. On y retrouve une vaste collection d’art autochtone dans le style Woodland, représentant, entre autres, l’histoire des peuples des Premières Nations qui ont vécu le long des rives du lac Supérieur.

Parmi ces artistes, Francis Esquega ou Sikaasika de son nom ojibway, peint d’après le style Woodland le plus traditionnel au plus abstrait. Ses œuvres comprennent des aquarelles et des peintures à l’acrylique ainsi que des gravures dans de la pierre de savon. Toutes rendent hommage aux traditions de son peuple et à la Terre Mère.

Bird Sun de Francis Esquega (gracieuseté Lake Superior Art Gallery)

John Paul Lavand, originaire de Kenora à l’extrême ouest du nord de l’Ontario, présente quant à lui ses merveilleuses représentations d’animaux. Certaines de ses œuvres réalisées à l’encre reproduisent la faune du nord de l’Ontario avec une grande précision alors que d’autres, plus stylisées affichent des oiseaux et autres animaux avec des traits puissants et fluides.

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Dans sa toile Turtle Light, la tortue est le symbole ojibway de la Terre (gracieuseté Lake Superior Art Gallery).
À propos de Josée Panet-Raymond

Journaliste, rédactrice et coordonnatrice de rédaction, Josée Panet-Raymond collabore à la presse écrite et sur le web depuis près de 30 ans. Elle a occupé des postes dans de grandes salles de rédaction et est présentement rédactrice en chef du magazine L'Itinéraire, à Montréal, mais en tant que pigiste, elle a la liberté d’aborder une grande diversité de sujets. Du voyage à la culture, de l’éducation à la santé, son dada c’est le human interest qui lui donne le privilège d’être accueillie dans la vie des gens. En plus, elle apprend et découvre quelque chose de nouveau tous les jours. 

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