Toronto, sa Distillerie

Un bout d'Europe à Toronto

Hogtown a tout de la grande ville nord-américaine : un centre dense où les gratte-ciel côtoient la frénésie, où les magasins sont ouverts presque 24 h sur 24, où les lumières ne s'éteignent jamais. Mais dans cette folie citadine, Toronto cache un petit trésor historique, un morceau de l'époque victorienne : le quartier de la distillerie. 

La Distillerie : un incontournable, à Toronto.

Décor de cinéma

Dès la grille d'entrée au 55, rue Mills, c'est un voyage dans le temps qui s'offre à nous. Le 19e siècle britannique saute au visage et on serait presque tenté d'aller se louer une robe à crinoline et une ombrelle, histoire d'être raccord avec le décor. Pourtant le quartier de la distillerie, à sa construction, n'avait rien de romantique : comme son nom l'indique, ce quartier était une immense distillerie de whisky. 

Naissance de la plus grande distillerie de whisky au monde

C'est en 1832 que deux beaux-frères anglais, James Worts et William Gooderham, installent un moulin à vent en brique en bordure de la baie de Toronto. Très vite, c'est le succès. L'industrie prospère, des familles entières d'ouvriers viennent travailler dans le quartier. On construit de larges bâtisses de briques rouges tout autour de la distillerie pour fabriquer et stocker les tonneaux. Bateaux et chemins de fer desservent la compagnie, les cheminées fumantes sont symbole de « progrès ». Gooderham & Worts devient alors la plus importante distillerie de l'Empire britannique et, pour un temps, du monde entier.

Photo : SPOMT 2011

Au cours de la Première Guerre mondiale, la distillerie est convertie en industrie de guerre, où l'on fabrique de la poudre à canon sans fumée. Puis c'est la prohibition : l'alcool est interdit en Ontario jusqu'en 1927. Mais l'entreprise va profiter d'une autre prohibition : celle aux États-Unis qui va durer jusqu'à la fin de 1933. 

La chute

Le déclin de cette énorme industrie va se faire doucement, notamment en raison  de l'expansion du littoral torontois et de la globalisation industrielle. Vite enclavé, le quartier va perdre de sa superbe jusqu'à l’arrêt de la distillation du whisky en 1957, remplacée par la production de rhum et d'alcool industriel. Finalement, au milieu des années 1990, la majestueuse et ancienne distillerie est définitivement fermée. 

La Distillerie est devenue un quartier historique en 2001.

La renaissance

Abandonné jusqu'en 2001, le quartier devient une des attractions touristiques les plus importantes de Toronto lorsque Cityscape en fait l'achat et crée le District historique de la distillerie. L'entreprise d'architecture urbaine lui redonne son cachet d’antan et transforme l'endroit en un petit bijou patrimonial qui propose une expérience aux allures européennes.

Avec ses petits magasins de décoration, ses galeries d'art et de design, son théâtre, ses restaurants et bars aux menus internationaux, la distillerie offre une parenthèse dans le temps, où les voitures sont interdites. Se promener dans les ruelles pavées rappelle les petites rues des villes du nord de l'Angleterre.

Photo : SPOMT/Jeff Speed 2004

Malheureusement, depuis peu la ville moderne s'invite dans cette enclave historique : de grandes tours à condo ultra modernes ont poussé au milieu des vieilles briques rouges et des toits verts. Mais cela ne gâche pas cette impression de décor parfait pour un film d'époque. 

À propos de Marjorie Murphy

Marjorie Murphy, journaliste française, a immigré en 2006 à Toronto où elle a travaillé 10 ans comme chroniqueuse culturelle et animatrice pour Radio-Canada. Devenue canadienne en 2014, après avoir exploré les recoins de Toronto et de l'Ontario, elle est repartie dans son pays d'origine continuer l'aventure avec ses 2 enfants et son mari. Elle est l'auteure du blogue France Canada et vice versa.  

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